Implications politiques du remaniement : L’Apr se renforce à Dakar contre Khalifa Sall

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Les résultats des législatives du 30 juillet indiquent que la mouvance présidentielle, même si elle gagne en termes de nombre de sièges, a subi une bérézina mémorable si on cumule les voix de Manko et de Wattu Senegaal. C’est ainsi qu’à la faveur du dernier remaniement gouvernemental, les positions de l’Apr ont été renforcées avec l’octroi de ministères à forte connotation sociale comme ceux de la Femme, de la Santé et affaires connexes. La stratégie consiste à permettre aux responsables du parti présidentiel de pouvoir se rapprocher davantage des électeurs de la capitale pour essayer d’endiguer l’interventionnisme, qui avait porté ses fruits en 2014, caractéristique de la gestion de Khalifa Sall.

Soucieuse d’endiguer la concurrence de Khalifa Sall, la mouvance présidentielle ménage sa monture en direction de la présidentielle de 2019. C’est ainsi que le dernier remaniement ministériel a consacré la promotion de responsables dakarois à des postes très stratégiques. En effet, le maintien de Amadou Ba à la place Peytavin n’est que l’arbre qui cache la forêt. Nommé ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr se retrouve avec un vrai trésor de guerre. Un autre ministère qui permet de renforcer les moyens d’intervention sociale de l’Apr dans la capitale : celui de la Femme, de la Famille et du Genre désormais dirigé par Ndèye Sali Diop Dieng. Pour ne prendre aucun risque, ceux qui ont été battus dans leurs localités, comme Pape Abdoulaye Seck et Maïmouna Ndoye seck, restent dans l’attelage. Itou pour Mame Mbaye Niang, même si ce dernier (on ne lui connait pas de base politique réelle à Dakar) est dépossédé de la capacité de mobilisation et d’animation politique du ministère de la Jeunesse et de l’Emploi. Seule ombre au tableau : la démission de Yakham Mbaye. C’est dire que sur près de 39 membres du gouvernement, sans compter Mbaye Ndiaye, ministre d’Etat et Seydou Guèye, secrétaire général du gouvernement, Dakar s’est taillé la part du lion, à juste raison, conformément à son poids électoral.
En outre, les changements, en perspective, à la tête des directions de plusieurs sociétés et agences nationales permettront, peut-être, de caser d’autres responsables de Dakar.
A l’opposé, Khalifa Sall a perdu, au milieu du gué, plusieurs maires de Taxawu Ndakaru dans la configuration de 2014 de cette coalition au profit de Benno Bokk Yakaar avec la défection des maires socialistes de près de dix communes. Toutefois, sa posture victimaire confère au maire de Dakar une popularité électoralement productive.
Il faut dire que tout ne se résume pas à la politique. Les réalisations du gouvernement au profit de la capitale pèseront sensiblement sur la balance le moment venu. A cet égard, malgré les efforts consentis en matière d’embellissement de la capitale par les services de Diène Farba Sarr et l’Ucg, il reste du chemin à parcourir pour séduire l’électorat de Dakar.
Pour mémoire, lors de la clôture, en juillet 2016, de la série de conseils des ministres décentralisés à Pikine, une enveloppe de 1800 milliards de F Cfa était prévue pour la région de Dakar. A l’époque, le département éponyme n’était pas privilégié puisque la plus grande partie de cette manne financière devrait être investie à Rufisque et à Pikine.
En définitive, ce renforcement de Dakar dans le gouvernement peut être perçu comme une manière de rectifier le tir pour mieux contrer Taxawu Ndakaru.

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