El Malick Seck réplique à Moussa Taye : «Il n’appartient pas à Macky de protéger Khalifa Sall»

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El Malick Seck réplique à Moussa Taye : «Il n’appartient pas à Macky de protéger Khalifa Sall»

Moussa Taye, le bien-nommé conseiller politique du maire de Dakar a tenté maladroitement d’inviter Macky Sall dans un débat sans grand intérêt, autour de Senghor, déclarant que le premier président sénégalais a laissé un Etat «respecté» contrairement à Sall qui laissera un Etat «déstructuré» et «endetté». Quelques indications pour montrer au sieur que le champion de son maître a fui et laissé un pays en lambeaux au début des années 80.

Macky Sall a réalisé les meilleurs résultats économiques du Sénégal avec un taux de croissance régulier de plus de 6 % depuis trois ans. Votre Senghor était le champion de la décroissance et de la crise économique permanente. Quelques exemples pour démontrer la grande faillite économique dans laquelle le Sénégal se morfondait. En 1967, il réalise -1, 7% de croissance. En 1973, il fait une grosse performance en réalisant -5, 6% de croissance. En 1977, il fait -2, 7% de croissance. L’année suivante, en 1978, le pays sombre encore et fait une décroissance de – 4 %. En 1980, le vaillant Senghor fait – 3, 3 % de croissance. C’est donc conscient de ses échecs successifs qu’il lègue un pays exsangue à Abdou Diouf car de 1977 à 1980, le Pib du Sénégal était abonné à des taux de croissance négatif.

Ces quelques chiffres suffisent pour illustrer le tableau économique peu reluisant que les Senghoriens cachent et veulent maquiller. Inutile ici de rappeler les grandes performances économiques du Président Sall qui a réalisé des taux de croissance record, progressif et permanent.

Au plan politique, Senghor grand intellectuel qu’il fut était un presque dictateur. Sous son règne, ce fut la clandestinité et il organisait des élections où seul son parti, l’ancien Parti socialiste, participait avec à la clé des scores soviétiques.

Pendant 20 ans, de 1960 à 1980, votre Senghor a régné de manière autocratique ne laissant place à aucune contestation. Il embastille Mamadou Dia et ses compagnons pour une déportation perpétuelle et règne seul à la tête du l’Union progressiste sénégalaise. Le mentor de votre mentor a pratiqué un autoritarisme et a réprimé de manière sanglante la révolte de mai 1968. Entre mai et juin de la même année, les étudiants dakarois sortent dans la rue pour protester dans la rue contre des mesures dictées depuis Paris, instaurant une réforme du baccalauréat et une diminution des bourses.

Le pouvoir de Senghor chancelle. Il montre alors un visage sévère et orchestre depuis le palais de l’avenue Roume une répression féroce en sortant directement l’armée pour mâter les étudiants. Le soir tombé, il payait un griot nommé Ousseynou Seck, (il bénéficiait d’un salaire de 200 000 francs et d’une voiture de marque à l’époque) pour aller insulter ceux qui osaient critiquer le pouvoir de Senghor. Sur les ondes de l’unique radio de l’époque, Ousseynou Seck faisait la propagande quand les pères de famille revenaient de la mosquée après la dernière prière du soir. La répression de mai 68 a fait des morts et le bilan officiel n’a jamais été publié. Le mentor de votre mentor a eu tellement peur ce jour là que la rumeur lui a prêté de se déplacer dans les rues de Dakar, à bord d’une ambulance, pour regarder l’ambiance d’une ville aux scènes de guerre et donner les dernières instructions à son armée pour mater la révolte des étudiants et des gens de Dakar.

Nous aimons tous Senghor pour sa poésie. Mais en politique, il est loin d’être l’ange que vous décrivez. Sous son règne, il a organisé les deux exécutions publiques de l’histoire du Sénégal. Cellle qui avait indigné à l’époque est celle de Moustapha Lô accusé d’avoir voulu attenter à la vie du poète-président à la suite de la prière de la Tabaski le 22 mars 1967. Lô est accusé d’avoir tenté de tirer avec son pistolet pour tuer Senghor, mais aucun coup de feu n’est jamais parti de l’arme. Malgré tout, il sera jugé et condamné à la peine de mort. Malgré les interventions multiples des guides religieux de l’époque dont Thierno Seydou Nourou Tall, Serigne Abdoul Aziz Sy, l’Archevêque de Dakar Hyacinthe Thiandoum, Senghor n’aura aucune pitié contre Lô et ce dernier sera exécuté le 27 juin de la même année, vers minuit, sur le site du Champ de tir situé sur la Corniche, derrière la Cour suprême. Lô avait déclaré sereinement devant le peloton d’exécution qu’il meurt la conscience tranquille.

Plus tôt, devant le tribunal qui l’a condamné, il avait dit qu’il n’a jamais voulu tuer Senghor, qu’il voulait juste l’intimider et montrer qu’il n’est pas à l’abri. Malgré la grande compassion dont Moustapha Lô avait bénéficié à l’époque, le public voulait la grâce du Président Senghor, ce dernier, seul contre tous disait à ses collaborateurs : «qu’on ne gère pas le pouvoir avec un coeur de jeune fille ». La clémence de Senghor n’est donc jamais tombée. Ecrabouillé de plusieurs balles, ses affaires furent rapportées à sa famille. Le sanglant Senghor, fut après rattrapé par cet événement et comme une justice divine, il confessera devant le micro de Radio France : «J’ai fait plusieurs cauchemars pendant trois jours suite à l’exécution de Moustapha Lô».

C’est donc cet homme sans cœur et sans pitié, qui n’a jamais rien pardonné à ses adversaires qui est devenu le maître à penser politique de Khalifa Sall. L’ancien président Abdou Diouf que vous tentez maladroitement d’attaquer a instauré le multipartisme intégral après avoir remplacé Senghor. Sous le règne de l’autocrate, seul le Parti Etat existait, avant quelques ouvertures donnant naissance à trois autres courants politiques dans les années 70. Et l’essentiel des élections que Senghor a remportées au plan politique l’ont été parce qu’il y avait un seul candidat (lui) ou seule liste (l’UPS). Il n’y avait point de presse libre et les rares francs-tireurs solitaires se retrouvaient en prison, publiant des journaux dans la clandestinité. Diouf, contrairement à Senghor a permis à qui le voulait de créer un parti politique et est le père de la presse libre et démocratique au Sénégal.

Macky Sall n’a tué personne, il a accordé la grâce présidentielle à Karim Wade, alors que rien ne l’y obligeait. Contrairement à l’homme auquel s’identifie Khalifa Sall, qui a tué des étudiants et mis devant le peloton d’exécution un pauvre père de famille en colère contre sa dictature de l’époque.

Sous Macky Sall, plus de 40 partis ont participé aux élections législatives. Sous Senghor c’était généralement sa seule liste. Aucun journaliste n’est emprisonné pour ses écrits et la presse se fait au très grand jour et non dans de manière clandestine. Les partis politiques sont libres de participer au dialogue politique. Les marches sont autorisées et encadrées et ceux qui ont parfois enfreint la loi sont arrêtés et relâchés dans la journée. Khalifa Sall est emprisonné pour des faits de gestion. Il n’appartient pas à Macky Sall de le protéger.

Il est donc triste que Khalifa Sall n’ait pas d’autre mentor politique que l’autocrate Senghor qui a fait tuer et exécuter des Sénégalais. Qui n’a jamais permis d’expression plurielle et qui a laissé un désastre économique à son successeur Diouf et aux Sénégalais qui ont payé lourdement dans les années 80, les graves errements de sa gestion économique du pays.

El Malick Seck (Journaliste, homme politique et conseiller municipal à Thiès)

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