Sauvegarde de la biodiversité culturelle: Le bel exemple des aires du patrimoine autochtone communautaire

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Les aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (APAC) jouent un rôle important dans la conservation de la biodiversité par les communautés. Un bel exemple pour lequel le Programme de micro-financement du Fonds pour l’environnement mondial (PMF/FEM) à travers sa représentation au Sénégal soutient de fort belle manière l’existence non seulement, mais aussi l’identification, la promotion et la gestion de ces sites historiques.


« Nous avons entamé ce programme depuis 2016 dans le cadre de l’Initiative de soutien mondial aux Aires et territoires du patrimoine autochtones et communautaires (ICCA-GSI) », nous révèle Khatary Mbaye, le coordonnateur pays du programme de micro-financement du Fonds mondial pour l’environnement. C’est en marge de l’atelier national de formation des relais/facilitateurs, les 20 et 21 décembre 2023 à Dakar, en vue d’améliorer le suivi des APACs. Avec comme objectif principal, de contribuer à améliorer l’efficacité de gestion de ces aires du patrimoine au Sénégal. Il faut souligner d’ailleurs que, l’intervention du Fonds mondial a permis non seulement l’identification de plusieurs Aires du patrimoine autochtone communautaire (APACs) au niveau national mais également la création d’un réseau national dénommé : Association nationale des aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire du Sénégal (ANATPAC).
Mais pour autant, un bon suivi reste à faire malgré ce soutien et l’engagement des acteurs dans la dynamique d’amélioration du suivi de ces aires. Surtout que la maitrise des outils d’aide à la conception et au suivi-évaluation des projets reste entière. Tout comme aussi l’index de sécurité et de résilience, la matrice de gestion de l’information des projets et la méthodologie d’enregistrement et de transmission des informations dans les bases de données mondiales. Ainsi, la rencontre de Dakar a permis de passer en revue toutes ces questions. « C’est l’objet de notre rencontre ici à Dakar qui regroupe près d’une vingtaine de membres des aires du patrimoine autochtone communautaire (APAC) », nous explique Khatary Mbaye. Il revient sur la particularité de ces APACs qui selon lui, « ont des particularités à la différence des parcs et autres réserves naturelles. Car, ces Aires du patrimoine autochtone communautaire (APACs) sont gérées par les populations locales et jouent un rôle essentiel dans la conservation de la biodiversité par les communautés elles-mêmes ».
Elaboration d’un plan d’adaptation préconisée

La représentante de la direction des collectivités territoriales a salué l’initiative de cet atelier qui a-t-elle souligné, « a bien son importance surtout qu’on vient de sortir de la conférence des Nations- unies sur les changements climatiques ». Aujourd’hui, il convient de mieux prendre en compte les aires du patrimoine dans les politiques environnementales. Ceci, à travers l’élaboration d’un plan d’adaptation pour une intégration de ces aires du patrimoine autochtone dans les programmes nationaux. Car, il faut reconnaitre que créer une Apac est une bonne chose mais savoir la gérer est bien une autre affaire.
Pour autant, l’engagement des participants a été bien perçu par les initiateurs ce qui a permis d’entrevoir beaucoup de perspectives dans ce combat de sauvegarde des aires du patrimoine autochtone communautaire (APAC) et cela dans le cadre du développement endogène. Cet ancien forestier à la retraite Mamadou Goudiaby de Bignona, ne manque pas de nous confier selon lui, « les efforts qui sont abattus par les responsables des aires du patrimoine pour maintenir l’équilibre et tendre vers une ouverture ». C’est pour cette raison souligne-t-il, « que cette formation est venue à son heure pour mieux faire connaître la vocation des aires du patrimoine. La participation de tout un chacun a été magnifiée car comme vous pouvez le constater à travers même les interventions, l’impact des aires du patrimoine n’est plus discutable. Pour preuve, je vous renvoie aux objectifs de la convention sur la diversité biologique de 1992 ratifiée par notre pays mais qui peine à les respecter ou tout simplement serait fort clos en bilan n’eut été la prise en compte de cette nouvelle donne des Aires du patrimoine autochtone communautaire (APACs) ».
Par ailleurs, le pool d’experts dont les capacités ont été renforcées déterminera dorénavant, la place qu’il convient d’accorder aux aires du patrimoine autochtone communautaire dans la nomenclature des aires protégées au niveau national. Les participants à l’atelier ont beaucoup insisté sur le rôle extrêmement important que jouent les aires du patrimoine autochtone communautaire (APAC) surtout dans la conservation de la diversité bio culturelle, c’est-à-dire la diversité biologique  d’abord à cause de ses ressources naturelles mais aussi la diversité culturelle qui a comme soubassement l’efficacité de la conservation qui est basée sur des pratiques traditionnelles, culturelles et autres. D’autant plus que, ajoute Mr Goudiaby, « c’est seulement au niveau des APACs où l’on peut parler de biodiversité car tous nos massifs forestiers sont en voie de dégradation avancée sauf les reliques de forêts édaphiques ou mangrove ».

La reconnaissance juridique, une urgence

Aujourd’hui, la reconnaissance juridique s’impose d’elle-même du fait de l’importance de ces aires du patrimoine. Selon M. Goudiaby, « l’impact des APACs étant très positif au plan national comme mondial, du fait qu’elles constituent une réponse à la résilience aux changements climatiques, il est impérieux aujourd’hui qu’elles soient reconnues au plan juridique à l’image des aires marines protégées ». D’ailleurs, souligne l’ancien forestier, « cette préoccupation est déjà prise en compte dans nos recommandations et nous sommes en train de travailler dans ce sens. Et cette tâche a été confiée à nos instances de décision reconnues au niveau national comme l’Association nationale des aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire du Sénégal (ANATPAC), le réseau national des organisations communautaires pour l’environnement dans le Delta du Saloum, le centre ouest, le nord et le sud du Sénégal (RENOPE), le réseau de conservation de l’environnement de la Casamance et du Sénégal Oriental (RCECSO), qui sont en train de faire un travail remarquable à cet effet et pour preuve, une base de données sur les APACs existe déjà au Sénégal ».
Dans cette dynamique, d’ailleurs souligne El Hadji Maguette Diaw, le président de l’ANATPAC, « un projet de loi est en gestation et nous avons fait des propositions dans ce sens pour la prise en compte des aires et territoires du patrimoine communautaire. Il est clair, « qu’on ne crée par les APACs, on les reconnait. Tel est le leitmotiv qui sous-tend le plaidoyer des communautés gardiennes pour la reconnaissance juridique des territoires de vie, communément appelés APAC. En effet, les Aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire sont, par excellence, des espaces dédiés à la  promotion et à la conservation de la biodiversité et des gènes qui y sont associés. Elles contribuent substantiellement à l’amélioration des conditions de vie des communautés par la fourniture de services éco systémiques ligneux et non ligneux et à leur résilience face au changement climatique.
Ces réservoirs de biodiversité sont le legs des aïeux qui, pour des raisons de sécurité alimentaire, culturelles, médicinales etc. ont, longtemps, été maintenus et entretenus par les communautés. Aujourd’hui le Sénégal compte vingt-six (26) APACs identifiées qui sont réparties sur tout le territoire national. Elles sont ainsi regroupées sous forme de consortium zonal suivant la logique du découpage éco géographique.  C’est pourquoi, selon le Directeur exécutif de l’Ong ADTR/GERT basée à Thiés, Abdoulaye Gueye, « cette formation nous a permis de mieux comprendre les mécanismes de remplissage des projets. Car, comme vous le savez, il y’a toujours des innovations comme c’est le cas pour cette année sur le remplissage de la matrice de recueil d’informations pour avoir accès aux populations et ceci nous réconforte beaucoup en ce sens qu’il nous permet de renforcer nos capacités et pouvoir mener des actions sur les APAC qui sont des zones que nos ancêtres nous ont légué et que nous n’avons pas le droit de laisser cela comme ça où à la jeunesse au risque de tout perdre. Donc, nous pensons qu’il faut essayer de faire revenir ce que nos ancêtres nous ont laissé au niveau des villages pour comprendre et mieux imprégner les gens surtout les populations  sur les réalités de nos zones respectives. C’est cela l’objectif des APAC dont la terminologie est utilisée pour décrire les aires et les territoires qui sont des patrimoines des peuples autochtones et des communautés locales ».
Pour rappel, la première APAC au Sénégal est celle de Kawawana dans la commune de Mangagoulack en Casamance et en 2017, cinq (5) autres aires du patrimoine ont été identifiées. Il fallait aussi essayer en 2024  pour pouvoir quand même essayer de mener alors d’ouvrir d’autres zones au niveau du Sénégal et en même temps lancer le projet. Les principales recommandations sont liées à l’élaboration d’un règlement intérieur, la planification, vision et budgétisation pour éviter la dépendance tout en évoluant vers l’indépendance. Aujourd’hui, il convient de lier les APAC au terroir et inciter l’implication des politiques et autres personnalités influentes. Il faut aussi avoir en maitrise les sept (7) domaines d’intervention avec leurs critères en plus de disposer d’informations claires sur les différentes espèces végétales et animales pour pouvoir présenter un bon projet. Autres aspects à mettre en exergue, la bonne maitrise des outils d’aide à la conception et au suivi-évaluation des projets APACs par les acteurs locaux et plus particulièrement l’index de sécurité et de résilience, la matrice de gestion de l’information des projets et la méthodologie d’enregistrement et de transmission des informations dans les bases de données mondiales.
Réalisé par Mohamadou Sagne
L’exemple de l’aire communautaire : « Kolou Ndig » de Djilor Djidiack, Fimela
Dans le village de Djilor Djidiack, commune de Fimela, se situe la réserve communautaire de « Kolou Ndig » et à quelques encablures au sud de la localité.
Ici, les populations locales donnent l’exemple de sauvegarde de cette forêt qui couvre une superficie de 20 ha. Un espace qui constitue pourrait-on dire, un des atouts touristiques de l’arrondissement de Fimela, voire même du département de Fatick. Du nom d’un handicapé physique qui l’aurait découvert au 16ème siècle, avant même la fondation du village de Djilor en 1635, la forêt a été érigée en réserve communautaire (ou bois de village) par un vieil homme dénommé : Latyr Senghor. Il fut le grand père de l’ancien président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor qui est natif du village de Djilor Djidiack.
Le terroir est caractérisé par l’avancée de la langue salée et la prédominance des tanns, des terres arides, salées et inadaptées aux activités agricoles. Mais, au sud-ouest du village, la végétation est marquée par la présence d’arbres sauvages dont le « Ditakh » (Deutérium), des palmiers, des combrétacées, d’acacias albidas et au nord-ouest, on distingue une importante ceinture d’anacardiers et de palmiers.  Mais, pourrait-on dire, selon Diène Diokh, son coordonnateur des activités, « l’Apac de Kolo Ndig est née depuis la création du village de Djilor vers les années 1836. C’est une forêt communautaire réservée par le village vu son importance ». Diène Diokh d’ajouter, « qu’il y a ici plus de 50 espèces de plantes médicinales que les communautés utilisent pour la pharmacopée. La forêt sert de fourrage pour les animaux de la commune de Fimela à partir du mois de mars jusqu’à l’approche de l’hivernage ».
Un comité de surveillance mis sur pied
Il note également les différents aspects culturels que renferme cette forêt où sont organisées des sciences de Ndoutes où circoncision  homme et femme. Aussi, la  forêt nous protège contre l’avancé de la mer mais également le village contre l’érosion côtière ». Au plan organisationnel, l’aire du patrimoine autochtone communautaire de Djilor est dirigée par un comité de  surveillance dont le vieux Ngor Bakhoum en est le président et la dame Fatou Diouf représente en tant que personne ressource, les femmes. La délimitation de l’APAC de Djilor fait 47 hectares et dispose aujourd’hui d’une délibération du conseil municipal de Fimela.

Un site qui est constitué selon Diéne Diokh, « d’un vaste espace aujourd’hui valorisé grâce au développement du tourisme de découverte. Une forêt bien entretenue par les populations à travers le groupement villageois : Sédar Diaga Senghor et cela en dépit de la sécheresse des années 1970  et l’avancée de la langue salée qui l’ont fortement affecté ». A Djilor Djidiack, le groupement villageois mène des actions de sauvegarde en parfaite synergie avec le comité de surveillance qui s’y s’active depuis plusieurs années tout en se consacrant non seulement au gardiennage mais également à travers des actions de reboisement et de régénération de certaines espèces comme le rônier, l’anacardier, entre autres comme nous l’a indiqué, Pierre Ngor Bakhoum, le président du comité villageois, composé d’hommes et de femmes. Pour dire que l’APAC de Koulou Ndig dont l’importance n’est plus à démontrer, compte tenu du succès qu’a connu certains projets et l’importance des superficies d’anciens sites de mangroves ainsi que des terres dégradées non encore réhabilitées, joue aujourd’hui une fonction agro-écologique dont il faut souligner, a été consolidée en plus de la conservation du patrimoine culturel.
Et, cela grâce au Fonds mondial, qui a permis essentiellement de réussir la sauvegarde des écosystèmes de la végétation et de l’environnement naturel. La forêt abrite aujourd’hui des espèces végétales comme : le kinkéliba (Combretum), le rônier (Borassus), l’anacardier (Anacardium), le cade, entre autres et des espèces animales comme le rat palmiste, le chacal, l’hyène, le lapin, nous renseigne Pierre Ngor Bakhoum, le président du comité de surveillance. Même si, l’on note certaines espèces en voie de disparition avec les effets de la pression anthropique sur les ressources naturelles du terroir de Djilor Djidiack.
M. SAGNE

L’APAC de Kawanawa, premier territoire de vie des communautés

L’aire du patrimoine autochtone communautaire (APAC) de Kawanawa a été le premier territoire de vie des communautés de cette zone de la commune de Mangagoulack (département de Bignona).
Avec sa superficie de 18162ha ce qui est énorme, selon le coordonnateur, Salatou Sambou, « nous avions jugé nécessaire à l’époque, en tant que pêcheurs, de conserver cet espace pour des activités de survie de la communauté. Cela, depuis 2007 de façon informelle et en 2010 de façon formelle ». Ainsi, notre interlocuteur, qui est par ailleurs coordonnateur du consortium APAC pour les écosystèmes marins et côtiers en Afrique de l’Ouest, de nous témoigner que, « Kawawana, c’est bien l’APAC qui fait tache d’huile au niveau national, régional, sous régional et même international de par ses résultats et son expérience. Mais également il faut noter l’engagement des communautés locales qui,  depuis lors n’ont quand même jamais croisé les bras. Elles travaillent en collaboration avec toutes les couches pour la réussite de Kawawana qui est une aire  protégée communautaire qui se trouve dans le domaine fluvial ».
D’ailleurs, à cause de cette position, souligne Salatou Sambou, « il a fallu une intervention pour l’autorisation de mise en œuvre de son règlement intérieur, pour disposer d’une délibération du conseil régional et un arrêté du Gouverneur de région depuis 2010. Ce qui nous a permis de faire le lancement officiel pour au moins que tout un chacun sache exactement ce qui se passe au niveau de la région de Ziguinchor mais aussi au niveau du Sénégal ». Cette étape franchie, les membres de l’aire du patrimoine autochtone communautaire de Kawawana ont alors entamé des séances de sensibilisation au niveau des acteurs pour leur montrer que désormais le précité est devenu une aire protégée et gérée directement par les communautés.
« Ce qui fait qu’aujourd’hui, nous sommes là pour informer sur le fonctionnement de l’APAC dont tout ce qui est interdit aux étrangers l’est aussi aux communautés locales de chez nous-mêmes tout comme ce qui est aussi autorisé pour les résidents est aussi autorisé pour les non-résidents », a souligné Salatou Sambou. Pour dire, fait-t-il remarquer, « qu’aujourd’hui notre objectif premier est la restauration de la ressource pour que tout un chacun puisse se retrouver, et disposer d’une meilleure vie. Nous avons même pensé élaborer au moins un système de zonage dans trois (3) zones dont une réservée pour la pêche de consommation villageoise, la deuxième pour la pêche destinée à la commercialisation et la troisième zone à protéger intégralement et qu’aucune activité ne puisse s’y tenir sauf la pêche scientifique. Cette partie va permettre aujourd’hui aux poissons de se reproduire et de sortir pour chercher leur vie ailleurs ».
Donc, ajoute le coordonnateur de l’APAC de Kawawana, « l’interdiction de ce bolong, c’est uniquement pour le bénéfice des communautés mais le poisson qui y sort peut être pêché en dehors même du Sénégal. Donc, aujourd’hui ce que nous recherchons, ce n’est pas seulement pour la communauté mais pour l’ensemble du pays mais aussi l’ensemble du monde entier ». Pour autant, il faut noter que cette aire du patrimoine autochtone communautaire de Kawawana est partie sur des règles coutumières ce qui fait qu’aujourd’hui, non seulement les hommes y travaillant de façon coutumière à travers des pratiques traditionnelles, mais aussi les femmes y travaillent avec les mêmes pratiques traditionnelles.

Les femmes jouent un rôle important dans l’APAC

Selon Salatou Sambou, « la présence des femmes est importante en ce sens qu’elles jouent un rôle très important, en contribuant non seulement dans le domaine de la surveillance à travers les fétiches dont elles posent mais aussi elles contribuent dans la communication et la sensibilisation pour au moins le respect des règles de Kawawana. Les hommes aussi en font partie. Et, chaque année, les guides religieux font des récitals de Coran pour le retour de la biodiversité, la sécurité des pêcheurs mais aussi la compréhension et le maintien des traditions culturelles même si on note là-bas certaines que la religion n’autorise pas dans la zone ».
En tout cas, le coordonnateur de l’APAC de Kawawana, Salatou Sambou, par ailleurs coordonnateur du consortium APAC pour les écosystèmes marins et côtiers en Afrique de l’Ouest, nous manifeste toute sa fierté pour ces acquis positifs de son APAC qui, il faut le reconnaitre souligne-t-il, « a impact qui fait que les communautés sont très à l’aise ici et nous ne faisons aucune distinction entre musulmans et catholiques tout comme entre les habitants des villages polarisés pour dire donc que tout cela fait qu’aujourd’hui le retour des espèces est en cours de façon importante et certaines pratiques ont toujours été valorisées par la communauté elle-même. Nous sommes loin de nous vanter mais c’est pour dire que c’est quelque chose qu’on peut voir à l’œil nu et cela nous évite vraiment la dépendance qui, du jour au lendemain peut changer le comportement des gens ».
M. SAGNE

L’APAC du Lac de Guiers

Le défi des relations culturelles et sociales

Parmi les aires du patrimoine autochtone communautaire (APACs) qu’on peut citer aujourd’hui figure également celle du Lac de Guiers. Là-bas, une conscience a été prise il y a longtemps que les peuplements autochtones ont toujours vécu dans leur environnement tout en y entretenant dans ce périmètre environnemental des relations culturelles, sociales et économiques anciennes.
« Des rapports intenses et profondes compte-tenu de l’étroitesse des liens avec leur environnement qui explique l’étendue et la solidité des connaissances dont les peuples autochtones sont dépositaires en matière de gestion des ressources naturelles (eau, foncier, etc.) et de conservation de la biodiversité », nous laisse entendre, El hadj Maguette Diaw, le coordonnateur de cette aire du patrimoine du Lac de Guiers.   Au niveau de cette APAC, on note aujourd’hui, selon M. Diaw, « une certaine reconnaissance et une intégration progressive des connaissances traditionnelles et locales dans la gestion de l’environnement et la conservation de la biodiversité. Ce, à travers la mise en place, un peu partout dans le monde, de ces Aires  et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (APAC) ». Ainsi, ajoute le coordonnateur Maguette Diaw, « l’APAC du Lac de Guiers est une initiative des communautés locales de la commune de Ngnith. Elle est constituée d’un plan d’eau qui renferme deux (02)  îlots distincts de 149 ha et 31 ha qui sont à la fois des sites de transhumance locale et de sécurisation des bovins. Une zone qui constitue d’ailleurs, pour les éleveurs, depuis plusieurs générations, une alternative non seulement pour sauver leur bétail en période de soudure qui sévit pendant une bonne partie de la saison sèche, mais aussi un lieu de sécurisation pour éviter les conflits entre éleveurs et cultivateurs et pour échapper en même temps au phénomène récurrent du vol de bétail ». A priori, c’est dans ce contexte que des initiatives de conservation y sont développées depuis très longtemps dans ce site par les communautés locales. Car, avoue Maguette Diaw, « s’il est reconnu que les communautés locales, de par leurs savoirs endogènes, peuvent beaucoup contribuer à une meilleure gestion de leur environnement et la conservation de la biodiversité au niveau local, il demeure en revanche, qu’elles manquent souvent de capacités et d’outils pouvant améliorer l’efficacité de leur contribution ». Il a ainsi institué en fonction de cette réalité, la mise en œuvre d’un projet de réalisation de plan de zonage participatif de l’Aire du patrimoine autochtone communautaire (APAC) du Lac de Guiers. « C’est pour nous un premier jalon mais majeur dans le processus de dotation de l’APAC, de l’ensemble des outils de gestion nécessaires pour sa bonne fonctionnalité », a indiqué Maguette Diaw. Selon lii, « l’objectif principal de cet outil qu’est le plan de zonage de l’APAC est de permettre aux différentes parties prenantes de disposer d’un référentiel commun en matière d’utilisation de l’espace que constitue l’APAC. Et, ainsi le plan de zonage permet de définir les différentes zones de vocation qui composent l’APAC, sur la base des valeurs ou potentialités dont dispose l’aire ».  La réalisation de ce plan de zonage qui s’est déroulée peut-ont dire en 2017, a été un moment de forte mobilisation des acteurs de l’APAC du Lac de Guiers, ceux-là mêmes qui ont accompagné le processus depuis le début jusqu’à la fin permettant d’imprimer un caractère participatif au processus de réalisation du plan. Toutefois, il faut souligner selon le coordonnateur El Hadji Maguette Diaw, « que ce plan de zonage n’est qu’une étape préliminaire qui marque le démarrage effectif de la mise en place réelle de l’APAC du Lac de Guiers avec son potentiel provisoire de 3400ha de superficie, mais qui renferme d’autres sites comme la zone de protection de 200ha, la zone de frayère 400 ha et la zone de gestion durable  des ressources de 2800ha. Elle polarise plusieurs villages et hameaux dont les habitants ont été impliqués à tous les processus d’information et de sensibilisation. On peut noter successivement les hameaux de Maël Keur Aly, Maël Keur Demba Gaye et Maël Keur Assane et  Maël Keur Siny Mbaye. Partout des échanges fructueux ont eu lieu entre l’équipe de facilitateurs et les résidents, sur l’état du milieu et son évolution dans le temps, ainsi que les connaissances et savoirs développés par ces autochtones pour s’adapter à ce milieu qui a connu des changements considérables. C’est ainsi, que des échanges fructueux ont eu lieu à l’embarcadère du village de Maël Keur Assane entre l’équipe de facilitateurs et les pêcheurs locaux, sur les expériences de pêche au niveau local. Les recherches bibliographiques ont constituées également un moment fort du processus d’élaboration du plan de zonage de l’APAC. Elles ont été effectuées durant toute la période d’élaboration de ce présent document. Ce qui a permis de mettre la main sur une importante quantité d’information sur le Lac de Guiers, sur la commune de Ngnith en général et sur le site de l’APAC en particulier.
M. SAGNE

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