Le capharnaüm électoral vers un chaos politico-social ? (Par Pape Moctar  SELANE)

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Le moment était attendu. Macky Sall face à la presse. Le président de la République face à la Nation. Une sortie quelques jours après la confirmation, par le Conseil constitutionnel, de la liste définitive des candidats à la présidentielle. 19 candidats officiels après le retrait d’un candidat. Il ne restait que la fixation d’une nouvelle date pour tourner cette page sombre de l’histoire politique récente du Sénégal, entachée déjà par la mort de quatre jeunes. Un marchand ambulant, un élève et deux étudiants. Au terme d’un face-à-face de plus d’une heure, qu’est-ce qu’on peut retenir ? Mis à part sa colère contre la « communauté internationale », il campe sur son dialogue, assume son amnistie et donne rendez-vous après le « dialogue » pour la nouvelle date de la présidentielle. Une déception pour ceux qui espéraient une date ce jour-là. Le Sénégal n’est pas encore sorti de l’ornière.

Cette démarche de dialogue semble fouler aux pieds les décisions du Conseil constitutionnel. Notamment les décisions « n°2/E/2024 du 20 janvier 2024 » sur la liste définitive des candidats à la présidentielle, « n°1/C/2024 du 15 février 2024 » sur l’annulation du report de la présidentielle et « n°44/E/24 du 20 février 2024 » sur le retrait de la candidate Rose Wardini et la confirmation des 19 candidats retenus pour la présidentielle.

En lieu et place d’une date, il propose le dialogue. Dialogue avec les candidats officiels, les candidats recalés, les candidats spoliés, les partis politiques, la société civile, les religieux… A-t-on besoin de tout ce beau monde pour fixer seulement une nouvelle date de la présidentielle ? Quel est le lien entre les candidats recalés et spoliés et la nouvelle date de la présidentielle ? Est-il opportun de mettre sur la table du dialogue une loi d’amnistie au moment où les faits visés sont toujours en instruction ? Cette attitude du Président Sall n’augure rien de bon. L’insistance sur la loi d’amnistie et la participation au « dialogue forcé » des candidats non concernés par la présidentielle sont des signes annonciateurs d’une double annulation, pénale et électorale. L’effacement des faits graves de mars 2021 et juin 2023 et la reprise intégrale du processus électoral.

« L’heure est grave ». Il l’a dit lors de l’entretien du 22 février accordé à 4 journalistes de la presse nationale. Il suffit juste de remplacer « grave » par « à l’élection présidentielle ». Et nous aurons : « L’heure est à l’élection présidentielle ». La gravité disparaît, les candidats en campagne et les électeurs aux urnes. En maintenant le suspense sur la date de la présidentielle, il devient du coup le centre de la gravité de la situation actuelle. Au Conseil constitutionnel d’être le centre de gravité pour remettre l’église au centre du village afin de permettre aux candidats, désignés officiellement, de prêcher la « bonne nouvelle » face aux fidèles électeurs pour un choix libre, transparent et paisible du nouveau président de la République. Le Sénégal en a besoin, car le futur « ex-Président » se perd gravement dans ce capharnaüm électoral qui risque de plonger le Sénégal dans une impasse politique et sociale aux conséquences incalculables.

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