Sport scolaire: Les sages conseils de Boun Daouda DIOP à Yankhoba DIATTARA

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Monsieur le Ministre des Sports, avec votre permission.
J’ai vu à travers une affiche, 
une photo du ministre des sports, Monsieur Yankhoba DIATTARA 
à côté de celle de El Hadji DIOUF avec ce texte « le ministre des Sports Yankhoba Diattara annonce le relance prochaine des activités de l’union des associations sportives scolaires et universitaires du Sénégal ( UASSU) et envisage de nommer EL Hadji DIOUF ancien international de football comme ambassadeur pour cette relance».
Je voudrais très sincèrement remercier Monsieur le Ministre pour cette belle initiative qui participe sûrement de ses missions prioritaires à la tête du ministère des sports et dont la réalisation participerait sans aucun doute au développement et à la promotion du sport dans sa globalité au regard de l’importance  que revêt le sport scolaire et universitaire dans un pays.
Cependant, je voudrais soulever  ici, en ma qualité de professeur d’Education Physique et Sportive des préoccupation majeures qui à mon avis, risquent, si on y prenne garde, de constituer de réelles menaces à la mise en œuvre et à la réussite de cette volonté politique dont ile Ministre a,  à la fois,  le droit et le devoir d’exprimer.
Tout d’abord, au nom de la continuité de l’administration, il me semblait utile de demander au Directeur en charge du sport scolaire et universitaire,l’état des lieux du secteur.
Et certainement, le Ministre aurait appris que des négociations ont été entamées à l’époque entre les techniciens des 2 ministères en charge du sport et de l’éducation, mandatés respectivement par les regrettés Ministres Daouda Faye et Moustapha Sourang ( que le paradis soit leur demeure éternelle).
Et que , les conclusions de ces négociations avaient abouti à la nécessité d’une cogestion du sport scolaire par les deux départements, en attendant la mise en place de deux fédérations l’une chargée du sport scolaire et l’autre chargée du sport universitaire.
Cette option pour une gestion concertée du sport à l’école et à l’université avait fait son chemin, jusqu’à la mise en place d’un comité transitoire de gestion du sport scolaire en attendant la mise en place des deux structures.
Les textes des deux fédérations ont été élaboré dans ce sens et il ne restait que leur adoption et la mise en place des deux entités.
Il faut, cependant signaler et se féliciter de l’excellent travail abbatu par le comité de gestion. C’est ainsi que,  le sport scolaire est devenu aujourd’hui,une réalité tangible sur l’étendue du territoire national avec des compétitions dans les 14 régions et des participations à des compétitions internationales.
Il reste entendu que la position de Ministre des Sports, malgré le concept admis et accepte de la continuité de l’administration, donne à Monsieur DIATTARA, toute l’autorité, la l’attitude et le pouvoir nécessaires pour, sur la base d’une analyse de la situation actuelle choisir une autre option. Cependant, fallait-il, juste connaître l’état des lieux pour mieux appréhender la situation, afin de disposer d’assez d’éléments qui vont l’aider dans la prise de décision basée sur une bonne lisibilité du contexte.
La deuxième préoccupation à considérer et surtout à ne pas négliger, est née de la nécessaire prise en compte des parties prenantes du sport scolaire et universitaire dans la matérialisation d’une telle décision.
En effet, c’est le ministère des sports qui a la responsabilité de mettre en œuvre la politique sportive du pays, telle que déclinée par le premier ministre, sur la base de la vision dégagée par le chef de l’état Etat.
Cependant, il est reste sans équivoque que le département des sports n’est pas le seul acteur du programme .
Il partage cette responsabilité avec le Ministère en charge de l’ Éducation, le Ministère en charge de l’Enseignement supérieur, le Ministère en charge de l’Enseignement technique et de la Formation Professionnelle et avec tous les autres ministères qui ont sous leur responsabilité des centres d’enseignements ou de formation ( agriculture, intérieur, forces armées, environnement etc).
Sans oublier, les collectivités territoriales dans le cadre des compétences transférées dont l’éducation et le sport,les fédérations sportives, structures privées chargées d’une mission de service public du sport tirée de la délégation de pouvoir et les membres de la communauté éducative particulièrement , l’association des parents d’élèves.
Dès lors, un programme d’une telle envergure, a le devoir pour assurer son succès, d’associer afin de les mettre à contribution,  toutes les parties prenantes du programme, d’analyser leurs interrelations afin d’avoir un projet inclusif et participatif.
La troisième et dernière préoccupation que je voudrais soulever est relative au choix de El Hadji DIOUF comme ambassadeur du programme.
El hadji Diouf est un sportif de haut niveau, à ce titre, il symbolise l’excellence sportive. Durant les années 2000, il a contribué  au même titre que nos ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires au rayonnement du Sénégal à travers le monde en véhiculant une image positive de notre jeunesse déclinée en terme de bravoure, de patriotisme et d’ambition.
En résumé, Diouf a incarné pendant une période aux yeux du monde et au nom du Sénégal, nos valeurs sociales et culturelles de DIOM, de FOULA et de FAYDA.
C’est ainsi qu’il fût un modèle de référence pour tous les jeunes sportifs de l’époque en leur montrant par l’exemple qu’il est possible d’être à la table des meilleurs footballeurs du monde en  étant sénégalais et en partant du sénégal.
Et, en vérité, nous devons en partie les  résultats actuels du football sénégalais à El hadji Diouf et à ses coéquipiers de 2002.
C’est pourquoi, aucune distinction, aucune fonction ni aucune mission ne peut être trop grande pour ses épaules et ne peut être aussi plus importante que sa contribution au développement et à la promotion du sport sénégalais.
Cependant, un ambassadeur quelque soit par ailleurs ses mérites,doit avoir le profil de la mission et le sport scolaire et universitaire ont leur signification.
Il faut le comprendre et l’accepter, le rôle premier de l’école et de l’université n’est pas de former des champions sportifs. Aucun parent n’a amené son enfant à l’école pour qu’il devienne sportif de haut, ce n’est point le lieu indiqué. Même si par ailleurs, des enseignants d’éducation physique et sportive ont fait du sport à l’école, un « outil d’éducation au service de la démocratisation des pratiques sportives », il n’est pas pas acceptable qu’un Ministre en charge de l’éducation mette dans son bilan de fin d’année les  performances sportives des élèves.
Pour dire simplement, que le sport scolaire a deux principales significations: la première signification est de loin la plus importante est d’inculquer aux élèves, par la pratique du sport,les valeurs de respect, de solidarité, de persévérance et de dépassement afin de les aider à réussir dans les études.
En une phrase, le sport scolaire est un instrument mis au service de  l’éducation pour la réussite académique des élèves.
La deuxième signification secondaire, mais non moins importante, est de favoriser une pratique sportive de masse qui va sécréter une élite à fort potentiel que les fédérations sportives va prendre en charge pour en faire des champions.
Pour ces deux missions que nous venons de citer, l’ambassadeur d’un programme sportif à l’école, doit prioritairement être un homme ou une femme qui est parvenu à allier des études de haut niveau d’avec une carrière sportive de haut niveau.
J’avoue que ce ne sera pas très facile à trouver avec l’absence de structures capables de permettre aux jeunes sportifs sénégalais de mener à la fois des études de qualité avec une pratique sportive de haut niveau. Mais on peut en trouver en cherchant.
Il est vrai que si nous considérons le seul côté marketing du programme, il est difficile de trouver  meilleur ambassadeur que El hadji Diouf. Et, si le décideur privilégie cet aspect marketing il faudra à mon avis faire accompagner Diouf, avec d’autres profils pour mettre en convergence, le programme et son contexte.
À mon humble avis, sans la prise en compte de ces trois préoccupations, tout ambition collée au projet relèverait de l’utopie.
Je m’excuse d’avance si j’ai heurté des sensibilités.
De la part d’un prof de gym en retrait qui veut maintenir un semblant d’activité intellectuelle pour éviter la retraite.
Boune Daouda SIOP
Ancien Directeur de la Haute Compétition

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