ANTOU GUEYE SAMBA DG ASER : «Le président Macky appelle à une gestion vertueuse et nous sommes sur cette lancée à l’Aser»

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ASER

Directeur général de l’Agence Sénégalaise pour l’Electrification Rurale (Aser) depuis plus de 2 ans, Antou Gueye Samba est un homme politique rare dans son genre. Rompu à la tâche, très effacé et posé, l’ingénieur en électro-mécanique force le respect. Son éloquence, son franc-parler, l’efficacité et la rigueur dans le travail créent un capital sympathie partout où il passe (De Bouaké à Ngor en passant par Freetown et France). Le social fait partie de son dada. Et les populations de Ngor, sa base politique, ne diront pas le contraire. Dans cet entretien qu’il a accordé à Grand-Place chez lui à Ngor, ce membre fondateur de l’Alliance pour la République (Apr) parle de son compagnonnage avec le président Macky Sall, ses parcours politique et professionnel. M. Samba en a profité pour lever l’équivoque sur tous les scandales financiers qui ont secoué l’Aser. Autour du damier avec l’homme qui a sorti l’Aser du gouffre et rendre aux travailleurs la motivation perdue…

On vous connait Directeur général de l’Aser mais que peut-on retenir d’autres de vous?
Je suis originaire du village traditionnel lébou de Ngor dans le département de Dakar. Je suis marié et monogame, j’ai des enfants. J’ai une vie simple et normale comme tous les Sénégalais. Je suis né et j’ai grandi à l’étranger. A 14 ans, je suis rentré au Sénégal où j’ai terminé mes études secondaires.

Une enfance gâtée ?
Non, c’est plutôt le contraire. Je n’ai pas été un enfant gâté. Je suis issu d’une famille très modeste où le père était maçon et qui survivait, presque. Donc, nous avons vécu une enfance assez difficile. Mais Dieu merci, aujourd’hui nous avons pu nous en sortir.

Et après le Bac ?
Après le Bac, j’ai obtenu une bourse d’études française. Je suis parti en Europe étudier les Mathématiques supérieures, Mathématiques spéciales avant d’intégrer une école d’ingénieur en électricité et en mécanique où je suis sorti diplômé en 1985 avec plusieurs propositions d’emploi en France. Mais, en tant que patriote, j’ai préféré rentrer au pays. Ce qui fait qu’en 1986, j’ai débuté ma carrière professionnelle dans une entreprise, HERLICQ et Frères, spécialisée dans les constructions électriques et qui m’a permis de parcourir le Sénégal en profondeur. De 1986 à 1992, j’étais le conducteur des travaux dans plusieurs villages avec la construction de plusieurs réseaux moyenne et basse tension. Ensuite, j’ai quitté pour aller aux Phosphates de Taïba à Mboro où j’ai servi pendant 5 ans (je faisais de l’entretien électro mécanique, la construction des lignes, l’entretien des machines d’extraction de phosphate). En 1997, j’ai été contacté par la Cse qui est leader sous-régional en construction de route. J’ai été successivement adjoint au directeur des approvisionnements de 1997 à 2005 et directeur des approvisionnements de 2005 à 2010. De 2005 à 2012, j’ai été chargé de l’approvisionnement de tout ce qui est matériels et matériaux sur l’ensemble des 7 pays où opérait la Cse. En 2010, le Pdg de la Cse m’a nommé directeur général de la Cse à Freetown en Sierra Leone et j’étais en relation directe avec les autorités. En septembre 2012, le président Macky Sall m’a fait l’honneur de me nommer au poste de directeur général de l’ASER. C’était un challenge, un défi.

Vous êtes né et avez grandi à l’étranger, où exactement ? Comment est-il possible pour quelqu’un dont le père est maçon ?
Mon père était bien maçon. En 1958, il a été appelé par son frère qui avait une entreprise de construction de bâtiment en Cote d’Ivoire. C’est ainsi que je suis né à Bouaké dans la ville de naissance du président Houphouët Boigny que j’ai côtoyé. J’ai grandi entre Agboville et Abidjan où on avait des parents. J’ai fait mes études primaires et secondaires (6e et 5e) là-bas. Lorsque nous sommes rentrés, on m’a inscrit au lycée Blaise Diagne de Dakar où j’ai obtenu mon Bac C en 1979.

Disons que vous êtes un gnak si vous me permettez le terme ?
Oui on peut le dire. D’ailleurs certains disent que l’accent est là. Pire encore, quand je rentrais au Sénégal en 1974, je ne parlais pas un seul mot Wolof. Mais, je comprenais ce qu’on disait. Je parlais Dioula et quelques petites langues locales de la Côte d’Ivoire. On est rentré avec beaucoup de soulagement parce que la vie était très dure là-bas.

Vous n’avez pas évoqué le nom de votre maman ?
Ah oui ! (soupir). C’est une dame formidable qui vit jusqu’à présent avec moi et qui ne m’a jamais lâché. Elle a été une grande restauratrice à Agboville. Son restaurant était très prisé aussi bien par les Ivoiriens que les Sénégalais. Grace à elle, nous avons pu survivre parce qu’elle nous a soutenu de bout en bout.
Je dois préciser que mon père et ma mère sont de Ngor. Je suis un Ngorois pure souche.

«Ngor est acquise à la cause du président Macky Sall, on gagnera en 2017»

Justement parlons de Ngor où vous êtes le coordonnateur de l’Apr. Vous vous glorifiez d’être la commune où il n’y a pas de tendances ni de guerre de positionnement entre les responsables du parti du président Macky Sall, est-ce toujours le cas et qu’est-ce qui l’explique ?
Absolument. Quand on mettait en place l’Apr à Ngor en 2008-09, on a lancé un appel à tout le monde sans exception à nous rejoindre. Les populations ont, petit à petit mais massivement, répondu à l’appel. C’est ainsi qu’on a pu agrandir le cercle des apéristes de Ngor. Il est arrivé, toutefois, une période de malentendu peu avant les élections locales de 2014. Un des responsables n’avait pas aimé la position qu’il occupait sur la liste, il a préféré partir. Mais, c’est du passé. Nous nous sommes retrouvés et avons décidé de repartir à la conquête des électeurs.
Nous n’avons jamais connu de tendances avec des guerres fratricides, des insultes, des médisances à Ngor. Nous nous respectons, malgré nos divergences de points de vue qui existent de temps à autre. Et cela est dû au fait que nous soyons des lébous et donc des parents.

Qu’est-ce qui n’a pas marché pour que la mairie de Ngor vous échappe lors de ces mêmes locales où vous étiez le candidat de l’Apr sur la liste majoritaire ?
Echapper est vraiment le mot qu’il faut parce qu’avant les élections tout le monde était unanime à dire que pour la commune de Ngor, l’Apr allait avoir une victoire très large. Au finish, nous avons perdu de 35, seulement 35 voix. Cela est dû, principalement, au fait que le bulletin de vote de la coalition Bennoo bokk yaakaar (Bby) ne portait pas la mention Bby. Il y avait une erreur à l’imprimerie et c’était marqué «Apr». Et dès le matin, nous avions constaté cette erreur. Nous nous rapprochés du sous préfet pour pouvoir rectifier. Ce dernier nous a fait savoir que les seules erreurs qui pouvaient bloquer le vote sont celles relatives au sigle et la couleur. Nous avons informé nos mandataires départemental et national qui nous ont suggéré d’attendre la clôture des bureaux de vote puisque les tendances étaient favorables à la coalition. Malheureusement, nos adversaires, sentant leur défaite, se sont ligués et ont tous fait des déclarations communes à la radio pour dire que tous les bulletins de l’Apr ne seraient pas valables. Ce qui a fait qu’une liste citoyenne est sortie première avec 35 points d’avance. Donc, j’avais une coalition en face de moi. Pour moi, c’est une fierté et dans ma commune, nous sommes majoritaires et nous comptons la maintenir jusqu’en 2017.

Vous militez pour la restructuration de l’Apr, mais pas avant 2017. Pourquoi ?
Une structuration demande toujours une organisation. Et durant les élections locales, l’Apr était partie en rangs dispersés. Mais, après ces élections, logiquement, celui, qui a devancé, devait être le responsable. Ce qui implique une structuration de faite. Il faudra, donc, que le parti se base sur cela et demander aux militants de respecter la vérité des urnes au niveau communal.
Quand je disais qu’il faut attendre 2017 pour restructurer, c’est parce que le président doit être élu avec une large majorité. Il ne faut pas créer des divisions supplémentaires ni créer des frustrations. Tout le monde doit se mettre ensemble pour suivre la seule directive qui est de massifier, de sensibiliser pour réélire le président Macky Sall.

Pourquoi êtes-vous si sure de faire gagner le président Sall à Ngor ?
Ngor est acquise à la cause du président Macky Sall. On gagnera en 2017. Premièrement, nous avons fait beaucoup de réalisations sur le plan social. Pour preuves, après les élections locales, j’ai eu à offrir un équipement solaire à la mosquée de Ngor pour une valeur de 3 millions. D’autre part, l’équipe qui a gagné, c’est la société civile.

Il parait que c’est un «étranger» qui a gagné la mairie de Ngor ?
Non, c’est un ngorois. Et sa liste est composée dans sa majorité par des Ngorois. Aujourd’hui, je pense que le plus important c’est qu’on travaille avec le maire.

Vous voulez le débaucher, la transhumance est à la mode ces temps-ci ?
Moi, le mot transhumance ne me plait pas, c’est un mot qui n’est pas approprié.

Considérez-vous comme un transhumant après avoir été au Pds ?
Non. Moi, je fais partie des militants des premières heures. Je connais bien le président Macky Sall depuis 2000 et nous avons cheminé ensemble depuis 2008, l’année durant laquelle il a quitté le Pds. Je suis membre fondateur de l’Apr et membre du directoire. Donc, on n’a pas transhumé.
Pour revenir à Ngor, nous ne cherchons pas à débaucher le maire. Nous cherchons à travailler avec la commune même si nous ne sommes pas du même bord. Nous voulons développer ensemble la commune. Nous avons, d’ailleurs, inviter le gouvernement à activer toutes les actions pour la commune. S’il veut venir, il viendra de son propre gré.

«J’étais ému mais craintif de diriger l’Aser»

Comment avez-vous accueilli votre nomination à la direction de l’Aser qui a été secouée par une série de scandales financiers ?
Je vais vous faire une confidence: je ne savais pas ce que faisait l’Aser avant ma nomination.

Ah bon ?
Non. Je ne savais pas. Je ne m’intéressais pas trop aux choses comme l’électricité mais je suis en plein dans le travail qu’on m’a confié. A la CSE, Ce n’était pas un poste facile. C’est un métier de construction de routes, on était loin et il fallait travailler pour approvisionner des budgets. Il fallait tout le temps tenir des réunions avec les fournisseurs, des réunions de chantier. Ce qui n’était pas évident.
Je vous fais une autre confidence: le jour où j’ai été nommé, j’étais à Freetown, c’était vers 10 h du matin que le ministre Aly Ngouye Ndiaye m’a contacté. Il m’a appelé et m’a demandé si je suis intéressé par un poste que le président Macky avait ciblé. Je lui ai demandé de me laisser réfléchir et de revenir vers lui. Je l’ai rappelé pour lui dire que j’étais intéressé. Le soir, je suis rentré chez moi, prendre ma douche et couché sur le canapé, je me suis endormi. Et ce sont les appels téléphoniques qui m’ont réveillé. Un ami m’a appelé pour me féliciter. Il m’a fait savoir que je venais d’être nommé directeur général de l’Aser. «C’est quoi Aser ?» lui demandais-je. Il m’a expliqué ce que c’est une agence qui s’occupe de l’électrification rurale. Dieu faisant bien les choses, je devais prendre l’avion, le lendemain, pour venir à Dakar en vacances. Et, je ne savais pas si je devais rentrer définitivement ou pas. J’ai passé toute la nuit à cogiter. Finalement, je suis rentré au Sénégal le vendredi 31 août 2012, et j’ai pris service le 19 septembre.
Pour revenir à ces premiers instants, j’étais ému mais craintif de diriger l’Aser. Mais, après la passation de service, j’ai commencé à me documenter sur l’Aser. J’avais en tête un plan de fonctionnement qui nous a permis de faire beaucoup de réalisations car à mon arrivée à l’Aser, il fallait se comporter comme un agent du secteur privé, et non comme celui de l’Etat, venu faire des résultats.

La mise en place d’un Plan de suivi était votre crédo, où en êtes-vous ?
Le SSE est un Système de suivi et d’évaluation. Si vous suivez l’actualité ces temps-ci, vous entendrez le gouvernement parler de suivi et évaluation. Quand vous travaillez, il faut savoir mesurer vos résultats, pouvoir faire l’évaluation de manière régulière, savoir qu’est ce qui va et qu’est ce qui ne va pas. C’est ainsi que nous avons mis très tôt en place un plan de suivi. Des séminaires et l’installation d’un logiciel nous ont permis d’apprécier ces systèmes d’évaluation. Cela ne nous a pas empêcher de continuer le travail avec un tableau de reporting pour connaitre les avancements des travaux dans les projets, des chantiers et l’instauration de réunions régulières et qui m’a permis d’être proche de mes collaborateurs et de répondre à toutes interpellations même en dehors de l’Aser.

Que voulez vous démonter à travers ce plan ?
Il ne s’agit pas de prouver quelque chose. Mais, il s’agit à tout moment de savoir où on en est. Et ce sont ces résultats qui vont nous permettre de corriger des erreurs éventuelles et c’est ça que nous cherchons c’est-à-dire des réalisations et implications de l’Etat. Si vous ne le faites pas, vous allez vous retrouver dans une situation difficile.

Quelle est la situation actuelle de l’Aser après plusieurs scandales financiers ?
D’abord en termes de finances, l’Aser était confrontée à un endettement très lourd qui tourne autour de 3 milliards de nos francs envers les banques, les entreprises et les institutions sociales, les impôts et domaines. Et nous avons mis en place, avec l’agent comptable, un système financier pour payer les impôts et les dettes des entreprises payables avec leurs factures qu’elles avaient déposé à l’Aser. Malheureusement, certaines dettes sur les travaux ne sont pas réglées à cause des passations de marchés qui n’étaient régulières. Et ces factures, jusqu’au moment où je vous parle, ne peuvent pas être payées. En sommes, nous avons épongé toutes les dettes de l’Aser sauf celles dont les passations de marché étaient irrégulières

«Nous avons épongé toutes les dettes de l’Aser sauf celles dont les passations de marché étaient irrégulières»

Et l’affaire des 300 millions ?
L’affaire des 3oo millions était très mal présentée par la presse. C’est un endettement que nous ne pouvons pas payer. Nous l’avons dit à toutes ses entreprises car un entrepreneur, qui travaille dans une administration publique, ne doit pas ignorer le code des marchés. Quand vous signez un marché, vous devez savoir si ce contrat est légal ou pas. On ne peut pas ignorer cela. Et j’ai envoyé un courrier au ministère des finances. Nous pouvons payer ces fournisseurs mais avec l’autorisation du ministère des finances.

Vous êtes disposé à payer ces 300 millions malgré la disparition des factures ?
Nous, on est disposé à payer et on peut le faire. Mais, il faut l’autorisation de l’Etat par le biais du ministère des finances. Je précise que ces factures n’ont pas disparu.

On dit que les factures étaient exactes, qu’il n’y avait pas faux ?
Lorsque je suis arrivé, certains de ces travaux ont été exécutés. Il faut des vérifications d’abord sur le terrain et après on verra si certains villages sont électrifiés et après la vérification, il y’aura l’autorisation pour payer ou non l’argent.

Jusque là les prestataires n’ont reçu aucun centime et ils disent avoir écrit au ministre des Finances, Amadou Bâ, qui n’a pas réagi. Seriez-vous prêt à jouer la médiation s’ils vous sollicitent ?
En termes de démarches, il n’y a pas grand-chose à faire. Nous avons, à l’Aser, tous les procès verbaux de réception.

Ils ont dit que les documents et les factures ont disparu entre la direction et l’agent comptable ?
Ces documents n’ont pas disparu. En termes de gestion financière, les documents ne peuvent pas disparaitre, il y a toujours une traçabilité. Ils ont découvert ces documents et ne sont pas obligés de les donner.

Est-ce qu’ils n’ont pas égaré leurs documents ?
Moi, quand j’engage des travaux, je garde des documents qui m’engagent et s’ils ont perdu leurs documents, cela veut dire que l’entreprise n’est pas bien gérée. Car quand on a une créance, on doit la recouvrir.

«Depuis 2012, on a débloqué pas mal de projets»

Le président Macky Sall avait commandité un audit financier et technique de l’Aser, quels en sont les résultats ?
Quand on parle d’audit en termes de finances et des projets, cela veut dire beaucoup de chose. Ce que je veux dire par là, c’est que tout de suite, nous avons averti l’autorité. Si vous prenez la gestion de l’Aser, chaque année il y a un commissaire aux comptes pour évaluer. Dieu merci jusqu’à présent, on n’a pas eu d’anomalies. L’exemple d’un bailleur de fond est illustratif. Après avoir financé un projet, il va, tous les 3 mois, vérifier sur le terrain l’état d’avancement des travaux. Pour voir, conformément à ce qui a été dit, si les dépenses engagées sont sincères ou pas. C’est ainsi qu’un rapport de supervision des bailleurs, qui ont financé les projets, est élaboré. Et nous avons tous ces rapports disponibles.
Il y a un audit physique et technique des financements de l’Etat et un consultant à l’Aser, en moins de deux semaines, va lire tous les rapports. Et il va sur le terrain pour vérifier l’effectivité de l’électrification. Après il rend compte au bailleur, puis élabore des rapports pour les ministères et les autorités suprêmes de l’Etat. Et à notre niveau, tous les rapports montrent que vraiment les travaux ont été bien fait, tous les travaux sont biens réalisés.
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Est-ce à dire que l’Aser est sur les bons rails ?
Je touche du bois. En tout cas, depuis 2012, on a débloqué pas mal de projets. Il s’agit des chantiers qui étaient presque tous bloqués depuis 2007. Il y avait des villages, qui étaient électrifiés à moitié. Aujourd’hui, tous ces villages sont en cours d’électrification. Nous sommes dans une phase d’exploitation et d’opération avec le ministère pour trouver des operateurs qui alimentent ces villages et donnent de l’électricité aux ménages. Sans oublier que le Programme d’accélération de l’électricité dans les zones rurales est mis en place. L’Aser est dans un environnement où elle n’est pas seule. Il y a plusieurs institutions qui travaillent autours d’elle notamment le ministère des finances, celui des affaires maritimes, les ports, les impôts, les fiscs, le ministère de l’énergie avec la Senelec qui est un partenaire institutionnel. Donc, il y avait beaucoup de problèmes à l’Aser avec des travaux qui ont connu beaucoup de retards, des problèmes qui ont amené plusieurs pertes.

Vous parlez de pertes, est ce que ce sont des détournements ?
Non. C’est parce qu’on n’arrive pas à absorber les financements. Par exemple, une partie des financements qu’on n’arrive pas à décaisser et qui retourne entre les mains du bailleur. C’est de l’argent qu’on n’a pas utilisé.

Revenons sur l’état de la coopération entre l’inde, il était retenu de faire le bilan de l’état de tous les projets de l’électrification d’un montant de 27,5 millions de dollars et il parait que ce marché a crée un malaise à l’Aser, plus récemment un marché de 13 milliards est cassé par l’Armp suite à des irrégularités ce qui a d’ailleurs provoquer la démission de Pape Momar Ngom. Qu’en est-il ?
Je pense que la coopération est au beau fixe. Chaque pays, en matière de coopération bilatérale, est appelé à faire un bilan pour le pays donateur c’est-à-dire celui qui finance, pour savoir comment et où va l’argent qu’il décaisse. Et c’est sur ces bases là que le pays comme l’Inde a demandé de faire un bilan sur tous les projets qu’il a financés. Nous somme concernés par le programme de la phase 2 financé par 13,5 milliards. Et il y a un contentieux sur la phase 1 avec les indiens et c’est cette phase là qui a entrainé des contentieux. C’est pourquoi l’Armp avait cassé ce marché parce qu’il avait demandé à l’Aser de sursoir les appels d’offres. Des entreprises avaient introduit un recours devant la Cour suprême. Et pour ne pas perdre le financement, nous avons déclaré l’appel d’offre infructueux et nous l’avons exécuté par entente directe, avec l’autorisation de l’ARMP.

Du gré à gré…
Non. Ce terme est utilisé par les journalistes qui aiment bien le mot gré à gré et c’est péjoratif. Mais, en marché public, on parle d’entente directe. Retenez que l’entente directe est régie par la loi. Toute chose n’est pas illégale et c’est le code des marchés qui l’a prévu. S’agissant de ce dossier, il y a eu un appel d’offres. Mieux, il y a eu une évaluation financière, une évaluation sur la capacité des entreprises à pouvoir financer le projet et sur l’expérience des entreprises. Toutes les procédures ont été respectées et il y a eu une entente directe sur la base des financements qui ont été imposés avec les mêmes délais. L’entente a été acceptée par l’Armp. Elle l’a accepté avec une décision favorable. Depuis lors, nous avons signé le contrat avec l’entreprise qui a gagné le marché.
Aujourd’hui au moment où je vous parle les matériels, achetés pour ces travaux, sont en train d’être installés au niveau de ces villages. Il y a plus de 260 villages concernés, les travaux de piquetages ont démarré et même dans certains villages, les poteaux sont déjà installés. Aujourd’hui, on peut dire, grâce à Dieu, que le projet a vraiment démarré. L’équipe de l’Aser et la Senelec reviennent d’Inde pour réceptionner les derniers matériels qui doivent accompagner ces projets là et plus de 80% de des matériels sont déjà sur le territoire sénégalais.

«Avec les scandales, les travailleurs n’étaient pas motivés et aujourd’hui quand vous rentrez à l’Aser, vous verrez les travailleurs motivés»

Un plan d’urgence a été lancé pour l’électrification d’urgence de certaines zones et l’objectif était d’atteindre 60% en termes d’électrification. A quelques mois de l’échéance où en êtes-vous ?
Le programme a été accepté en 2013 par le conseil des ministres qui devait être soutenu par un budget prévu pour chaque année. Il y a un programme qui a démarré par un partenariat public-privé. Aujourd’hui, il y a le budget 2015 qui va servir toujours dans le cadre de l’électrification des villages. Alors ce qui était prévu, c’est que quand on prend les projets en cours, aussi bien, à l’Aser, la Senelec et tous ces programmes, à l’horizon 2017, on atteindrait environ 46%. Le plan d’urgence a été conçu pour compléter à 60%. Cela nécessite des moyens et nous sommes en train de négocier au niveau du ministère un financement complémentaire et nous sommes aussi en train de chercher des partenaires. L’Etat n’a pas toujours les moyens. Il faut des partenaires qui vont investir leur propre argent.
Toutefois, nous sommes aujourd’hui à 30%, presque la moitié, en deux ans. Car on est parti de 24% en 2012, à l’arrivée du président Macky Maintenant, il nous reste l’autre moitié qui est un gros challenge. Mais, nous espérons avoir les financements nécessaires parce qu’en termes de suivi et de réalisation, nous avons tout ce qu’il faut pour le faire. Cela va demander quelques aménagements parce que nous savons que les procédures sont très lourdes et qu’il faille tordre un peu le bras à la réglementation actuelle pour que l’Armp, l’Aser, la Senelec puissent être dans les règles pour faciliter l’atteinte de la moitié qui reste en nous facilitant les procédures, la réception des matériels du port. Nous allons tout faire pour réussir la moitié.

Avez-vous le sentiment d’avoir accompli votre mission ?
D’abord vous avez tout à l’heure parlé de «gouffre à milliards», cela veut dire que tout ce que vous mettez, vous le perdrez. Et ce n’est pas le cas.
Le but de l’Aser, c’est d’avoir une gestion financière très rigoureuse. Et je ne pense pas que ce qui s’étais passé ne puisse se reproduire. Nous sommes en train de remettre de l’ordre sur toutes les procédures et les travailleurs sont en train de se mettre du travail. Avec les scandales, les travailleurs n’étaient pas motivés et aujourd’hui quand vous rentrez à l’Aser, vous verrez les travailleurs motivés. La réalisation continue mais je ne peux pas me juger. En tout cas si vous venez à l’Aser, on peut vous montrer les documents et les rapports d’audit qui sont là. Le président appelle à une gestion vertueuse et nous sommes sur cette lancée là.

Quel est l’apport de l’Aser dans le Pse ?
L’Aser, c’est l’énergie et l’énergie c’est l’une des priorités du Programme Sénégal émergent (Pse). Et tous les projets retenus par le Pse ne peuvent pas réussir sans l’énergie. Il faut une bonne énergie en quantité et en qualité et un programme est mis en place pour que, dans un ou deux ans, le coût de l’électricité puisse être diminué et relancer un peu la consommation des ménages.
Avec l’électrification des zones rurales, vous ne verrez plus des jeunes qui quittent leur village pour venir à Dakar puisqu’il y aura de l’électricité chez eux. Des menuisiers métalliques, des tailleurs, qui demandent de l’énergie pour leurs activités, peuvent coudre, cultiver la terre , et faire la soudure. Aujourd’hui, on veut parler d’exode urbain avec des jeunes qui retournent aux villages. Et vous verrez d’ici quelques temps un changement avec l’électrification des villages. Beaucoup de choses vont changer avec l’apport de l’électricité.

Dernière question, avez-vous fait votre déclaration de patrimoine ?

(sourire). Je pense avoir été l’un des premiers à le faire, au moment où l’OFNAC n’était même pas complètement opérationnelle. Ensuite, j’ai été contacté de nouveau pour un complément, ce qui a été fait en début d’année. Nous n’avons rien à cacher à l’Autorité.

                                                                                                                                         Grand-Place

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