Unité du monde musulman contre l’hégémonie israélo-américaine: Rôle de l’Iran et responsabilité de l’Arabie saoudite

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis se sont arrogé le rôle de « gendarmes du
monde », imposant leur vision géopolitique au nom de la liberté, de la démocratie ou des droits humains, des valeurs qu’ils foulent pourtant aux pieds dès lors que leurs intérêts sont en jeu. Le soutien systématique à Israël,
malgré des décennies d’occupation, de colonisation et de violences contre les
Palestiniens, en est la preuve la plus flagrante
Sous la présidence de Donald Trump, cette tendance a atteint le sommet du cynisme. En reconnaissant
Jérusalem comme capitale d’Israël (2017), en soutenant l’annexion du Golan
syrien (2019) et en promouvant les Accords d’Abraham, il a renforcé la division
du monde arabe tout en marginalisant la cause palestinienne. C’est une
injustice plusieurs fois séculaire! L’ire de l’Iran est absolument
compréhensible au regard de la situation.
L’Iran, de l’ayatollah
Ali Khamenei, est souvent critiqué, mais il incarne un axe de résistance à la
domination occidentale et israélienne. Depuis la Révolution islamique de 1979,
le régime iranien a mis au cœur de sa doctrine la défense des opprimés (moustadhafîn),
conformément au Coran :
« Et pourquoi ne
combattez-vous pas dans le sentier d’Allah et pour la cause des faibles, des
hommes, des femmes et des enfants opprimés ? »
(Sourate An-Nisâ’, 4:75)
L’Iran soutient des
mouvements comme le Hezbollah, le Hamas à Gaza ou les Houthis au Yémen, non pas
par expansionnisme, mais pour empêcher l’effondrement de la cause musulmane
face au sionisme soutenu depuis très longtemps par Washington.
Gardienne des deux
Saintes mosquées, l’Arabie saoudite a un devoir moral et religieux de défendre
les causes islamiques. Pourtant, son rapprochement discret avec Israël,
notamment dans le cadre des Accords d’Abraham, l’éloigne de ce rôle
unificateur. En ne soutenant pas clairement l’Iran face à Israël, Riyad risque
d’apparaître comme complice d’un système mondial qui piétine les intérêts de la
Oumma. Une honte !
Soutenir les initiatives
de l’ayatollah Khamenei, notamment en ce qui concerne la cause palestinienne,
ne signifie pas adhérer à toutes les politiques iraniennes. C’est reconnaître
une vérité fondamentale : l’ennemi principal n’est pas chiite ou sunnite, mais
impérial et colonial.
En effet, Israël viole
quotidiennement :
La Convention de Genève
(1949), en transférant SA population dans les territoires occupés,
Les résolutions 242 et
338 de l’ONU, exigeant le retrait des territoires conquis, un droit à
l’autodétermination du peuple palestinien.
Et pourtant, aucune
sanction. Pourquoi ? Parce que les États-Unis, grâce à leur veto, neutralisent
tout effort de justice au Conseil de sécurité.
L’Iran, en refusant de
normaliser avec Israël, se conforme au droit international plus que bien des
puissances arabes.
Il est temps que le monde
musulman dépasse les clivages internes. Le sectarisme sunnite-chiite a été
entretenu et exploité par les puissances coloniales pour diviser la Oumma. Face
aux injustices commises contre les Palestiniens, les Syriens, les Yéménites ou
les Libanais, une solidarité islamique s’impose :
« Les croyants ne
sont que des frères »
(Sourate Al-Hujurât,
49:10)
L’Arabie saoudite, en
tant que leader religieux, a la capacité de jouer un rôle unificateur. En
reconnaissant les efforts de l’Iran, en s’opposant clairement aux agressions
israéliennes, elle pourrait contribuer à une Oumma plus forte, plus digne, plus
indépendante.
L’histoire jugera
sévèrement ceux qui sont restés neutres face à l’oppression. Ne pas dénoncer
l’injustice, c’est la cautionner. Il est temps pour les nations musulmanes, à
commencer par l’Arabie saoudite, de dépasser les logiques d’alliance imposées
par les États-Unis, et de soutenir les forces qui, malgré leurs imperfections,
résistent réellement à l’impérialisme et défendent la dignité islamique.
Soutenir l’Iran
aujourd’hui, ce n’est pas faire de l’idéologie: c’est refuser de trahir.
Mamadou Biguine GUEYE