Réponse citoyenne au député Amadou Ba: L’opposition mérite le respect, pas le mépris

Honorable député Amadou Ba,
Votre récent message à l’endroit de l’opposition sénégalaise est non seulement inélégant, mais surtout indigne d’un responsable politique censé incarner l’unité et le dialogue. En qualifiant l’opposition d’inaudible, d’inefficace, et en la comparant à des chroniqueurs sans épaisseur intellectuelle, vous avez franchi la ligne rouge du respect républicain.
Le boycott du dialogue national par l’opposition est un choix politique légitime, une expression démocratique que votre propre parti aurait pu faire dans d’autres circonstances. Plutôt que de mépriser ceux qui ne partagent pas votre vision, votre rôle serait de tendre la main, d’écouter, et de construire un débat sain. Un vrai leader ne craint pas la contradiction ; il l’embrasse pour enrichir la démocratie.
Votre déclaration selon laquelle les nouvelles normes politiques s’imposeront à l’opposition quoiqu’il advienne révèle une mentalité autoritaire inquiétante. Le Sénégal n’est pas une dictature où la majorité écrase sans consulter. Notre histoire est jalonnée de luttes pour le pluralisme et le consensus. En niant cela, vous insultez l’héritage de nos pères fondateurs.
Pastef, aujourd’hui au pouvoir, a été porté par une soif de changement et de justice. Mais en adoptant ce langage méprisant, vous montrez que certains, une fois aux affaires, reproduisent les travers qu’ils dénonçaient hier. L’opposition n’est pas votre chance – elle est une pièce maîtresse de notre démocratie. Sans elle, il n’y a pas de contre-pouvoir, pas d’équilibre, juste un monologue stérile.
Je vous invite, honorable député, à rectifier le tir. Le Sénégal a besoin de ponts, pas de murs ; de respect mutuel, pas d’arrogance. La postérité retiendra moins vos victoires politiques que votre capacité à préserver la dignité du débat public.
PS : La grandeur d’un homme politique se mesure à son respect pour ses adversaires. À vous de choisir dans quel pan de l’Histoire vous souhaitez figurer.
Moussa Athie Agir