Plaidoyer pour la réhabilitation du judo: Souleymane Boun Daouda Diop écrit au Président de la République
À Son Excellence Monsieur le Président de la République du Sénégal
S/C de Madame le Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture
Objet : Plaidoyer pour la réhabilitation du judo sénégalais conformément à la devise nationale : « Être juste, faire juste, redresser »
Excellence,
Depuis 2024, le judo sénégalais subit une profonde injustice, marquée par la destruction du dojo national Maître Amara DABO. Ce lieu emblématique, véritable trait d’union entre les générations, incarnait l’excellence, la discipline, la solidarité et le dépassement de soi. Bien plus qu’un espace d’entraînement, il représentait un sanctuaire pour la jeunesse, un socle de citoyenneté et de performance.
Hélas, le terrain qui l’abritait a été cédé dans le cadre d’une politique foncière hasardeuse, dénuée de vision pour l’avenir du sport sénégalais. Le judo, comme d’autres disciplines, en a été victime, perdant à la fois son ancrage physique et son repère symbolique.
Et pourtant, malgré l’absence de siège, de dojo et de moyens, la Fédération Sénégalaise de Judo et Disciplines Associées (FSJDA) poursuit sa mission. Par l’engagement de ses dirigeants, la détermination de ses encadreurs et le courage de ses athlètes, elle continue d’élever notre drapeau sur la scène africaine et internationale, comme en témoignent les résultats obtenus aux derniers Championnats d’Afrique à Abidjan, dans des conditions pourtant extrêmes, malheureusement critiqués par certains.
Or, cette résilience force le respect. Car, il est légitime de s’interroger : comment exiger des résultats d’une fédération privée de moyens ? Comment demander l’excellence sans infrastructures ? Ces femmes et ces hommes méritent reconnaissance et soutien pour leur dévouement silencieux au service de la Nation.
Excellence,
Votre devise – « Être juste, faire juste, redresser » – porte en elle l’espoir d’un redressement équitable. Le judo sénégalais attend aujourd’hui des actes concrets : la restitution d’un dojo national digne de ce nom, un siège fonctionnel pour sa fédération, et des infrastructures adaptées à la formation et à la compétition.
Le judo incarne des valeurs fondamentales : respect, sincérité, courage, maîtrise de soi et amitié. Il forme, au-delà des tatamis, des citoyens exemplaires. Il a résisté là où beaucoup auraient fléchi. Il est temps, aujourd’hui, de lui offrir les moyens de son ambition.
Nous plaçons notre confiance en votre volonté de faire du sport, et en particulier des arts martiaux, un levier de citoyenneté active et de développement humain.
Veuillez agréer, Excellence, l’expression de ma très haute considération.
Souleymane Boun Daouda DIOP
Entraîneur de judo – Arbitre mondial
