Lettre au Président Mamadou Koumé. Le respect des échéances électorales: une exigence de maturité institutionnelle

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Mon cher doyen et référence, Mamadou Koumé,

C’est avec l’immense respect et la grande considération que je voue à votre personne, à votre statut et à votre riche parcours, que je me permets de vous adresser ces quelques mots, animés par la déférence et le sens du débat républicain.
Tenir l’Assemblée Générale Élective de la Fédération Sénégalaise de Football à date échue est un impératif de responsabilité et de maturité.

Alors que notre équipe nationale s’apprête à disputer deux rencontres capitales en septembre dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, un autre événement d’importance attend le football national : l’Assemblée générale élective de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), prévue en août prochain.

Ces deux échéances – l’une sportive, l’autre statutaire – sont toutes deux essentielles. Elles traduisent, chacune à sa manière, les exigences de performance et de gouvernance auxquelles le football sénégalais doit répondre.
C’est dans ce contexte que vous avez, avec votre humilité légendaire, votre sagesse éprouvée et votre grande expérience du mouvement sportif, suggéré le report de cette assemblée, au nom d’un principe de précaution : éviter d’éventuelles tensions post-électorales susceptibles d’influer négativement sur la préparation et la performance des Lions.
Je comprends cette posture, empreinte de prudence et d’une volonté de protéger l’intérêt national. Elle est fidèle à l’image de l’homme d’équilibre que vous êtes, artisan infatigable de la concorde. Mais, si vous me permettez l’audace d’une divergence, je crois devoir exprimer, avec tout le respect dû à votre autorité morale, un point de vue différent.
À mon humble avis, il n’y a pas lieu de télescoper ces deux événements. L’Assemblée générale élective est une exigence statutaire, inscrite depuis quatre ans au calendrier de la FSF. Remettre en question cette échéance à quelques semaines de sa tenue serait non seulement une entorse aux principes de bonne gouvernance, mais aussi un aveu implicite d’impréparation. Ce serait un signal négatif, de nature à ébranler la confiance des acteurs du football et à ternir l’image d’une Fédération qui a toujours incarné la stabilité et la régularité institutionnelle.

Les deux événements peuvent parfaitement coexister. Ils relèvent de champs de compétence différents : l’administration d’un côté, le technique de l’autre. Tant que chacun reste dans son rôle, sans interférence ni chevauchement, il n’y a aucune raison pour que l’organisation des élections interfère avec la préparation de l’équipe nationale. Le staff technique et les joueurs doivent pouvoir travailler dans la sérénité, pendant que les administrateurs s’acquittent de leurs obligations statutaires.
Par ailleurs, le ministère des Sports, délégataire de l’autorité de tutelle, demeure le garant de l’intérêt supérieur du football national. Il est pleinement en mesure de veiller au bon déroulement des deux processus, et d’assurer que les échéances ne se heurtent pas.
Il faut aussi rappeler une évidence : le consensus ne doit pas être confondu avec l’unanimisme. La démocratie implique le débat, parfois même la confrontation d’idées, tant que le cadre est respecté.
Or, reporter une élection pour éviter d’éventuelles tensions, c’est céder à la peur de la compétition et ouvrir la voie à des précédents dangereux. C’est surtout donner du crédit à ceux qui voudraient soumettre l’intérêt collectif à des calculs partisans.
L’exemple de 2021 devrait nous rassurer : les élections fédérales s’étaient déroulées sans heurts, les résultats proclamés, le Président Mady TOURÉ, avec toute la dignité requise avait félicité le Président Augustin SENGHOR avec beaucoup d’humilité. Dans la foulée, les Lions avaient amorcé une dynamique victorieuse, culminant à la CAN 2022. Ce précédent montre que la maturité électorale et la performance sportive peuvent aller de pair.
Aujourd’hui, faire le choix de dissocier les enjeux électoraux des enjeux sportifs, c’est faire triompher la raison sur la passion. Le ballon doit continuer à rouler, certes, mais il doit rouler sur un terrain institutionnel solide, balisé par des règles connues et des engagements tenus.
La crédibilité du football sénégalais ne se mesure pas seulement à ses résultats sur le terrain, mais aussi à sa capacité à respecter les principes démocratiques, à garantir la transparence et à faire preuve de rigueur dans la gestion.
La FSF se doit donc de respecter le cap : organiser son Assemblée générale élective à la date prévue, dans la sérénité, la transparence et le respect du suffrage. Ce sera la plus belle démonstration de maturité de notre gouvernance sportive, et le plus grand cadeau que nous puissions offrir à nos Lions à la veille de leur double rendez-vous crucial.
À la date prévue, tenons notre Assemblée générale. Et laissons les Lions jouer pleinement leur rôle.
Avec tout mon respect et ma fraternelle estime,


Souleymane Boun Daouda DIOP,
Directeur du Cabinet Conseil SERISE-SARL

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