Les minutes d’un ultime «face à face» avec Mame Less Camara

Le dernier «face à face» a été douloureux devant une si noire actualité. Mame laisse, derrière lui, des camarades inconsolables, des confrères sous le choc, une presse orpheline, bref un peuple meurtri.
Ce Dimanche matin, à la morgue de l’hôpital Principal, les voix étreintes d’émotions des journalistes, amis, frères et sœurs ont dit adieu à l’orfèvre de la rhétorique, au brillantissime journaliste, au formateur chevronné.
Tout le monde est là, sans exception ! Tous les cœurs sont avec lui sans une moindre retenue; toutes les prières lui sont dédiées avec dévotion. C’est dans une atmosphère mélancolique que le représentant de la famille ElH Malick SOW donne le ton.
Less arrive sous les secs pleurs d’un public éploré pour mettre sous presse son ultime « Post it ». Les yeux trempés de larmes fuient son regard enseveli et éloquent.
Sous la couverture des nombreux doyens et doyennes de la presse, de Walf FM et de RFM, d’un pas feutré et hésitant avance vers le micro pour susurrer dans l’oreille de l’imperturbable interviewer : « avec ta mort est ce que nous ne sommes pas à la fin du journalisme ? ». Le Directeur général d’ E_média a porté la voix de toutes les générations de journalistes qui ont eu à cheminer avec le Maître. Loin de douter des capacités des héritiers professionnels de Mame Less à perpétuer le legs, MIK invite la jeune génération à immortaliser ce géant à la plume alerte.
Ibrahima Souleymane NDIAYE, un ancien de la RTS au nom du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie (CORED), déroule le tapis blanc et couronne de verbes magnifiques au chroniqueur avant de craquer.
Avec son regard drapé d’un linceul immaculé, le journaliste invisible, intronisé « Ange de la presse », perce le corbillard roulant pour dire ses derniers mots avant de prendre la route qui mène vers sa dernière demeure. Un cortège de prières, une litanie de véhicules accompagnent le livre indépendant, le guide subtil, l’aiguillon professionnel qui est en train de rédiger sa chronique d’outre-tombe.
Au cimetière musulman de Yoff, l’émotion est au paroxysme… Le climat est lourd, l’heure du bouclage s’approche. Tout le monde s’accroche pour retenir ses larmes en attendant l’ultime « face à face ». Les tous derniers témoignages résonnent silencieusement… Les zikrs prennent le dessus. Adieu Less. Adieu l’immortel ! Yako liggey (tu as fait ton job). Bonne fête du travail!
Ibrahima Benjamin DIAGNE