La Chronique de MLD-Sénégal / Jeune Afrique: la paix à tout prix

Le Président Bassirou Diomaye Faye est-il à l’épreuve du réalisme et des petits arrangements suite à la récente brouille entre le Sénégal officiel et l’influent canard panafricain basé à Paris, Jeune Afrique en l’occurrence ?
Il faut faire remarquer qu’on assiste visiblement à la paix des braves entre les deux protagonistes au regard des derniers développements de l’actualité. Pourtant par la voix du Directeur de la communication, l’Etat avait solennellement adressé une mise en demeure au célèbre magazine suite à la publication de contenus jugés erronés portant notamment sur de supposées menaces terroristes visant le pays.
Il semble donc qu’en essuyant un tel désaveu, la Direction de la communication était allée trop vite en besogne surtout que dans de tels dossiers l’émotion est toujours mauvaise conseillère. En revanche, en foulant le sol ivoirien pour assister à un méga-forum organisé par …Jeune Afrique, le Président Faye a adopté une démarche mâtinée de froideur et de réalisme pour ne pas dire de Realpolitik, la politique étant au début et à la fin de nos interactions. Comme pour sauver la face, le communiqué officiel de la Présidence de la République du Sénégal insiste d’emblée sur une précision loin d’être anodine : « Sur invitation de Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, Monsieur le Président de la République se rendra à Abidjan… ». Fermez le ban ! La diplomatie a ses codes, ses subtilités langagières et ses secrets. Mieux, elle ne se fait pas sur la place publique. Le Président Ouattara connu pour être l’un des « meilleurs clients » de JA a sûrement joué les sapeurs-pompiers et les bons offices entre les deux parties. Ceci explique cela et tout est lié. Pour autant, faudrait-il faire un rapprochement avec l’actu Tidjane Thiam, l’opposant ivoirien qu’Ousmane Sonko a déjà reçu ? Peut-être. Toujours est-il qu’en fin stratège, le Président Ouattara a plutôt activé le levier institutionnel de son homologue sénégalais en réalisant la prouesse de le convaincre de rallier la capitale ivoirienne malgré un contexte délicat.
Il faut rester lucide également. En décidant de participer activement à cet Africa CEO Forum nouvelle formule, le Président Diomaye Faye n’a rien perdu au change. Et puis cette année, JA a mis les petits plats dans les grands avec une participation-record de très haut niveau : Pas moins de sept (7) Chefs d’états et de gouvernements, des dirigeants d’institutions internationales sans oublier la crème du secteur privé. Bref, ce raout annuel a franchement pris une nouvelle et extraordinaire dimension. Clairement.
Au final, le Chef de l’Etat a finalement gagné à tous les coups en profitant de l’évènement pour développer son soft-power et bénéficier d’une exposition internationale loin d’être négligeable. Mieux, sa brillante prestation sur la souveraineté numérique lors d’un échange dynamique (questions-réponses) avec Marwane Ben Yahmed, Boss de Jeune Afrique, achève de nous persuader qu’en coulisses, les choses ont été réglées et calibrées comme sur du papier à musique. Le magazine panafricain est redevenu fréquentable aux yeux des actuels tenants du pouvoir. A quel prix serait-on tenté de répliquer si l’on connaît un peu les méthodes controversées de JA qui n’hésite point à jouer les maîtres –chanteurs afin de faire passer les dirigeants africains à la caisse, les plus cyniques diront à la moulinette. À Jeune Afrique, la gratuité on connaît très peu. De toute façon, nul ne peut reprocher à ce magazine assez dégourdi de faire du commercial pour gagner régulièrement des sous car une publication avec autant de charges ne vit pas de romantisme journalistique et d’eau fraîche. Le problème c’est juste l’arrogance avec laquelle ces figures emblématiques de la presse internationale, nichée au cœur de Paris, toisent souvent les dirigeants africains et leurs peuples. On ne change pas !
Par Mamadou Lamine DIATTA