Effondrement d’immeubles: Autopsie d’un mal ambiant

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Le mal est profond . Il est tellement profond qu’on se perd en conjectures . Il faut accepter que le laisser aller tant décrié est passé par là.
Aujourd’hui à Dakar et dans nos grandes villes les citoyens sénégalais de tout bord confondu construisent comme ils veulent sans tenir compte des règles les plus élémentaires d ‘urbanisme et de construction.
Nos autorités ont laissé pourir la situation par faute de contrôle et de sanctions et les pauvres populations que nous sommes restent les principales victimes.
Pour comprendre ce raz le bol il faut interroger l’histoire et dans un passé récent les services de l’état dédiés à la gestion de cette lancinante question du contrôle des constructions illégales et de la gestion foncière n’ont jamais été dotés de moyens susceptibles d’endiguer le mal .
La création de la Dscos n’a pas jusqu’à présent répondu à l’attente des différents acteurs .
Les causes de ce profond mal ambiant sont complexes et diversifiées .
On peut en citer :
1 – Les causes politiques et administratives
Le ministère de l’urbanisme et de la construction en tant qu’institution administrative et technique n’a jamais fait l’objet d’une considération à la hauteur des services rendus.
La plupart des ministres en charge de l’urbanisme des différents gouvernements depuis l’indépendance sont pratiquement des administrateurs civils qui viennent pour apprendre et avant d’appliquer se voient muter vers d’autres horizons entraînant de facto un éternel recommencement.
Les codes de l’urbanisme et de la construction ont tardé à se conformer à la réalité du terrain par faute de signature de décret d’application créant un vide juridique avec le non respect des règlements d’urbanisme qui se sont avérés pratiquement inapplicables.
2 – les causes techniques
Pour construire il faut se procurer le sésame qui est le permis de construire à l’origine de toutes les defaiences constatées par son caractère idyllique. Vous pouvez courir pendant un an ou deux bonnes années pour l’obtenir.
Il faut en réalité une réadaptation du permis de construire avec les transformations structurelles de nos grandes villes.
Dakar en est aujourd’hui la parfaite illustration avec le déplacement du centre ville vers le point E , les Sicap et des quartiers résidentiels comme Nord foire , Ouest foire et la Vdn où les immeubles de grande hauteur (IGH) foisonnent.
Le constat est général les plans d’aménagement de toutes ces zones ont fait l’objet de rattrapage pour dire qu’initialement que le code de l’urbanisme est toujours resté muet
C’est pareil pour le quartier des Almadies où le plan d’aménagement était prévu pour un remembrement où la plus petite parcelle était prévue pour 500 m2 .
Ainsi le code de l’urbanisme devrait normalement s’adapter à cette donne et malheureusement avec des parcelles de 200m2 ou même 150 m2 il est impossible d’instruire valablement une requête des usagers .
Les plus hautes autorités du ministère sont donc interpellées.
Le Service régional de l’urbanisme doit faire l’objet d’une grande mue . On ne peut plus aujourd’hui accepter la carence d’un personnel dédié à l’instruction des dossiers de permis de construire non formé et incapable de lire un plan ou d’interpréter un certificat d’urbanisme.
Aucun Architecte dplg aucun Urbaniste encore moins des Techniciens supérieurs.
Il est temps de transformer ce service en une Direction nationale du permis de construire des études et des lotissements avec un personnel compétent et qualifié.
La Teledac est obsolète et mérite d’être réformée avec des opérateurs qualifiés.
Nous risquons dans les années à venir de vivre le fléau de l’effondrement des immeubles dans les quartiers résidentiels et pour parer à cette éventualité il urge de revoir les composantes du dossier de permis de construire en y incluant les études de sol et les plans de béton armé .
3 – Les causes économiques
Les fonds communs distribués aux agents du ministère de l’économie et du plan doivent normalement atterrir au ministère de l’urbanisme dont les agents abattent pratiquement le même rôle.
C’est pareil pour les taxes municipales et les droits de superficie. Cette manne financière pourrait participer à l’amélioration des conditions de travail par le renouvellement du matériel didactique.
Les matériaux de construction ne sont pas forcément adaptables aux constructions de tout genre et il urge d’insister sur la certification ISO .
Les bureaux d’études d’achitecture , d’ingenierie et de contrôles sont aussi interpellés pour veiller sur les coûts et la taxation en tenant compte de l’offre et de la demande.
Au total l’urgence d’une intervention rapide de l’état et des différentes composantes du BTP (bâtiment et travaux publics) sous la forme de conclave est recommandée pour non seulement veiller sur la rigidité des structures des bâtiments mais également sur la sécurité des populations en évitant des pertes en vie regrettables .

Abdou Karim Sakho
Expert Urbaniste
MBA en Management Stratégique

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