Sénégal: le dialogue national déjà boudé ?

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À quelques semaines de sa tenue, le dialogue national convoqué par le président Bassirou Diomaye Faye le 29 mai prochain s’annonce sous haute tension. L’initiative, censée rassembler les forces vives de la nation autour des grands enjeux politiques et institutionnels, fait face à un boycott clair de plusieurs poids lourds de l’opposition.

L’APR claque la porte

L’Alliance pour la République (APR), parti de l’ancien président Macky Sall, a officiellement annoncé son refus de participer. Le ton est ferme : « On ne peut dialoguer avec un régime dont un ministre a qualifié l’ancien président de chef de gang », a fait savoir Seydou Gueye, porte parole du parti, en référence aux propos de Moustapha Ndiek Sarré, actuel ministre porte parole du gouvernement. Une déclaration qui continue d’empoisonner les relations entre l’ex-pouvoir et la nouvelle équipe au sommet de l’État.

Depuis l’alternance de mars 2024, les tensions entre anciens et nouveaux dirigeants restent vives, et les accusations portées contre le régime déchu sont perçues par l’APR comme une ligne rouge franchie. Résultat : aucun dialogue possible dans de telles conditions.

Thierno Alassane Sall, la ligne dure

Autre voix discordante : celle de Thierno Alassane Sall. L’ancien ministre devenu opposant radical rejette lui aussi toute participation. Il considère que ce dialogue est une façade, un simulacre sans impact réel, destiné à soigner l’image d’un pouvoir qui, selon lui, peine à construire un véritable consensus national.

Son refus illustre le scepticisme d’une partie de l’opposition qui voit dans cette initiative une tentative de légitimation politique plutôt qu’un réel espace de concertation.

Khalifa Sall, entre attente et hésitations

Au cœur de toutes les spéculations figure Khalifa Sall, coordinateur du Front pour la Défense de la République (FDR). Ancien maire de Dakar et personnalité respectée dans le paysage politique sénégalais, son choix de participer ou non pourrait changer la donne. Jusqu’ici, il ne s’est pas officiellement prononcé. Mais son éventuelle présence pourrait redonner un peu de poids à un processus que beaucoup jugent déjà vidé de sens.

Un dialogue sous haute surveillance

À ce stade, le dialogue national du 29 mai apparaît comme un rendez-vous à haut risque. Sonko et Diomaye Faye, pourtant portés au pouvoir au nom de la rupture, se retrouvent confrontés à une opposition méfiante, voire hostile. Entre les contentieux non résolus, les invectives passées et une défiance tenace, la dynamique d’inclusion voulue par le nouveau président semble déjà compromise.

Le pari de Diomaye Faye était de rassembler. Mais sans les principaux ténors de l’opposition à la table, c’est un dialogue à moitié vide qui se profile. L’avenir nous édifiera !

Mamadou Biguine Gueye
Journaliste consultant

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