Gabon / Prestation de serment de Brice Clotaire Oligui Nguema: Un nouveau départ pour le Gabon

Le Gabon entre officiellement dans une nouvelle ère. Élu à la tête de l’État après la transition politique entamée en 2023, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a prêté serment ce samedi 3 mai 2025, lors d’une cérémonie solennelle en présence de seize chefs d’État, dont Bassirou Diomaye Faye du Sénégal, Félix Tshisekedi de la RDC, Paul Kagamé du Rwanda et Denis Sassou Nguesso du Congo.
Cette prestation de serment marque la fin officielle des 19 mois de transition qui ont suivi le coup d’État du 30 août 2023, ayant mis fin à plus de cinquante ans de pouvoir de la famille Bongo.
Un parcours forgé entre discipline militaire et responsabilités d’État
Né le 3 mars 1975 à Ngouoni, dans la province du Haut-Ogooué, Brice Clotaire Oligui Nguema est un haut gradé de l’armée gabonaise. Issu d’une famille liée au clan Bongo, il est le fils d’un militaire Fang et d’une mère Téké, cousine de la mère d’Omar Bongo. Formé à l’Académie royale militaire de Meknès au Maroc, il a également étudié à l’Université Omar Bongo.
Sa carrière militaire l’a conduit à occuper des postes clés, notamment comme aide de camp du président Omar Bongo, puis attaché militaire aux ambassades du Gabon au Maroc et au Sénégal. En 2018, il est rappelé pour diriger la Direction générale des services spéciaux (DGSS), avant de devenir, en 2020, commandant en chef de la Garde républicaine.
Le coup d’État et la transition
Le 30 août 2023, dans un climat de tension post-électorale, Oligui Nguema conduit un coup d’État sans effusion de sang, renversant le président Ali Bongo. Il est désigné président de la transition par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), prêtant serment dès le 4 septembre 2023. Il s’engage alors à restaurer l’ordre constitutionnel, à organiser des élections transparentes et à adopter une nouvelle Constitution, ce qui fut fait en novembre 2023. Celle-ci supprime notamment le poste de Premier ministre au profit d’un vice-président nommé par le chef de l’État.
Élu dès le premier tour
Candidat à la présidentielle du 12 avril 2025 sous la bannière de son parti, le Rassemblement des Bâtisseurs, Oligui Nguema l’emporte avec 90,35 % des voix, selon les résultats provisoires. Son programme met l’accent sur la diversification économique, la lutte contre le chômage des jeunes, la réforme de l’éducation, ainsi que l’amélioration des infrastructures et des services sociaux.
Une nouvelle équipe gouvernementale
Deux jours après son investiture, le président gabonais a dévoilé, le 5 mai 2025, la composition du tout premier gouvernement de la Cinquième République. Composé de 31 membres, dont 10 femmes, ce gouvernement incarne un subtil équilibre entre continuité et renouvellement.
Parmi les figures clés, Alexandre Barro Chambrier est nommé vice-président du gouvernement. Ancien vice-premier ministre durant la transition, il devient un pilier central de l’exécutif.
À l’Économie et aux Finances, Henri-Claude Oyima, figure du monde bancaire, hérite d’un portefeuille élargi, incluant la dette, les participations et la lutte contre la vie chère.
Le ministère de la Défense nationale reste entre les mains de Brigitte Onkanowa, reconduite pour sa rigueur et son expertise.
À l’Intérieur, Hermann Immongault est chargé de la Sécurité et de la Décentralisation, un enjeu central pour renforcer la gouvernance locale.
Régis Onanga Ndiaye prend la tête des Affaires étrangères et de la Coopération, avec une attention particulière portée à la diaspora.
La Justice revient à Séraphin Akure Davain, chargé également des droits humains.
Camélia Ntoutoume-Leclercq est reconduite à l’Éducation nationale, tandis que Mays Mouissi se voit confier l’Environnement, l’Écologie et le Climat.
Le stratégique ministère du Pétrole et du Gaz revient à Sosthène Nguema Nguema, tandis que Mark Alexandre Doumba prend les rênes du Numérique et de l’Innovation.
Laurence Ndong, nommée ministre de la Mer, de la Pêche et de l’Économie bleue, devient aussi porte-parole du gouvernement.
À la Santé, le professeur Adrien Mougougou devra poursuivre les réformes engagées. L’Agriculture est désormais sous la responsabilité d’Odette Polo, tandis que Dr. Armande Logo est nommée à la Jeunesse, aux Sports et aux Arts.
Des résultats visibles salués par la population
Durant la transition, plusieurs réformes et projets structurants ont vu le jour. Selon une source proche du gouvernement, des écoles, routes et bâtiments administratifs ont été construits, et les entreprises mobilisées ont été entièrement payées. Des avancées sociales notables sont également signalées : rétablissement des bourses étudiantes, paiement des pensions de retraite impayées depuis 15 ans, entre autres.
Ces réalisations ont contribué à renforcer sa légitimité populaire, facilitant sa victoire dès le premier tour de l’élection présidentielle. “Le président fait ce qu’il dit”, confient des citoyens et opérateurs économiques, saluant sa rigueur, son pragmatisme et sa proximité avec les préoccupations des Gabonais.
Une inspiration sénégalaise assumée
Oligui Nguema n’a jamais caché son admiration pour le modèle sénégalais d’émergence, notamment les projets structurants comme le Train Express Régional (TER), le Bus Rapid Transit (BRT) et la ville nouvelle de Diamniadio. Il a ainsi sollicité l’architecte sénégalais Pierre Goudiaby Atepa pour piloter la conception d’une ville nouvelle à proximité de Libreville.
Dans le domaine agricole, le président gabonais ambitionne de renforcer la riziculture en s’inspirant de l’expertise sénégalaise. Une délégation scientifique gabonaise a récemment effectué une mission à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), ouvrant la voie à une coopération renforcée entre les deux pays en matière de recherche et d’innovation.
Un mandat porteur d’espoirs
Désormais investi d’un mandat de sept ans, le président Oligui Nguema est attendu au tournant. Les prochaines élections législatives et locales, prévues pour septembre 2025, seront un test décisif pour la consolidation démocratique. Son principal défi reste de rompre avec les pratiques de l’ancien régime, tout en renforçant la décentralisation, le pluralisme politique et la bonne gouvernance.
Brice Clotaire Oligui Nguema incarne aujourd’hui, aux yeux de nombreux Gabonais, l’espoir d’un renouveau durable.
Par Abdou Latif Ndiaye et Mohamadou Sagne